Beaujolais 1979 - Classements de l'épreuve

Beaujolais (21 et 22 juillet 1979)
7^éme manche du championnat de France de Rallycross

Condat-le-Lardin - Saison 1979 - Solgne-Juville

Texte et photos : Philippe Séclier (Echappement - Septembre 1979)

Qui l'eût cru !
C'est désormais devenu une routine, la journée du vendredi est consacrée à la tournée des cafetiers et des fermes isolées qui entourent Fleurie et ses hameaux. Depuis l'âge de 17 ans, je travaille avec mon père. Il est marchand de vin, rien de plus logique quand on habite dans le Beaujolais... En arrivant sur la place de l'église de Fleurie (là ou il y a une boulangerie), je descendes de la camionnette deux ou trois tonneaux de rouge et quelques casiers de côtes-du-rhône pour le père Jullien. Il est content aujourd'hui le père Jullien; demain c'est le Rallycross du Beaujolais, il va en voir défiler du monde et avec la chaleur qui règne... Moi, le Rallycross, ça ne me dit rien; en sport automobile, à part le rallye de "Monte-Carlo" et les 24 heures du Mans, je n'y connais pas grand chose. Mais qui sait ? Au lieu d'aller faire un flipper chez le père Jullien, avec les copains, on ira peut-être passer le dimanche sur le plateau, là-haut derrière les vignes, une bonne "occase" pour faire la fête...

Sur la route qui mène à Belleville, je croise déjà quelques pilotes et leurs remorques. Tiens ! Cette Porsche blanche ressemble étrangement à celle qui pose sur l'affiche collée sur la vitrine du père Jullien. Une Porsche sur la terre, çà doit être quelque chose, nous avec notre break Simca dans les champs, on s'amuse comme des fous alors avec une Porsche... En attendant, je n'ai toujours pas livré la ferme des Vial. Je les aime bien les Vial, toujours prêts à rendre le moindre petit service. D'ailleurs, le père Vial, il n'a pas hésité à prêter son tracteur et sa citerne aux organisateurs. Une fois qu'il se sera occupé de ses bêtes, on le verra certainement sur le circuit, histoire d'aller boire un canon avec les collègues...

Bertrand Lenoir - Porsche 911 Carrera 3L

Ce samedi matin, je suis décidé à aller faire un tour au marché. Il se trouve juste à côté du carrefour principal d'où vont certainement venir les concurrents, je pourrai ainsi me faire une idée des voitures engagées.

Dès 11h, ils arrivent par petits groupes et Fleurie commence à être bien embouteillé. Dans les rues étroites, les camions et les plateaux ont du mal à se frayer une voie; les pauvres, ils ne sont pas au bout de leur peine car pour accéder au circuit, il faut emprunter un chemin carrossable, certes, mais qui n'en finit pas de grimper à travers les bois et les vignobles. Du village, on aperçoit déjà la poussière qui s'élève de la piste. Ce sont certainement les petites Fiat, arrivées tôt ce matin, qui doivent tourner. C'est marrant ces petites voitures et elles font un potin du diable avec leurs échappements de course. Il y en a une qui doit être impressionnante aussi, c'est la Lancia Stratos rouge et blanc d'un Autrichien dénommé Bentza. Il paraît qu'il va super-vite mais avec un engin pareil, c'est pas évident. Je ne sais pas si c'est la région ou notre gastronomie qui les attire mais les étrangers sont venus en force : des Anglais, des Belges, des Allemands, un Suédois, un Autrichien, ça promet pour ce soir ! Au fur et à mesure que nos hôtes d'un week-end arrivent, la coopérative viticole de Fleurie se noircit de monde. Non pas que l'on vienne marchander du beaujolais mais parce que les organisateurs ont eu la bonne idée d'installer les vérifications techniques sur le parking de la coopérative qui semble être devenue, en l'espace d'un après-midi, l'attraction du village. Un tonneau de beaujolais a été mis à la disposition des pilotes afin de les mettre en jambes, c'est en quelque sorte notre alcootest à nous... A observer la face poussiéreuse des premiers spectateurs du samedi qui redescendent du circuit, il n'y a plus aucun doute, nous allons bien assister à des courses sur terre battue !

La chaleur aidant, le beaujolais va certainement couler à flots. A en croire certains responsables, effectivement, le beaujolais a coulé à flots... le samedi soir. Conséquence de cet abus voulu de la part de pilotes-joyeux drilles, beaucoup affichent des mines bien fatiguées pour un dimanche matin. Moi qui pensais que les pilotes de course observaient un régime alimentaire strict, je suis surpris ou alors le vin leur sert de doping... Pour les essais, je décide de me poster dans l'unique descente du tracé. Avec mon programme sous la main, je devrais suivre facilement la course. Il y en a deux qui sont drôlement impressionnants dans cette enfilade, Touroul et sa Porsche couleur mandarine et l'Anglais Ron Douglas avec une Vauxhall Chevrette qui n'en finit pas de pousser. Ah ! ces Anglais ! Pour faire des autos ce sont bien les meilleurs. Il est marrant ce Ronnie, comme l'appellent ses amis, typiquement anglais avec ses grosses lunettes rondes et sa façon de s'habiller.

En visitant le parc concurrents, je suis surpris d'apercevoir Rémy Julienne, le célèbre cascadeur. On a davantage l'habitude de le voir dans les génériques des films que grandeur nature ! N'empêche, il se débrouille drôlement bien au volant de sa Rallye 2 mais il a fort à faire avec les Brunetti, Dumas, Justice, Fremiot et Lammens. Une Rallye 2 sur la terre, c'est extra ; ça glisse bien et on ne doit pas trop se ruiner contrairement aux Alpine ou aux Porsche de la division supérieure. A n'en pas douter, le vainqueur se trouve parmi elles. J'ai parié (devinez quoi !) avec un copain que la Stratos de Bentza l'emporterait. J'ai failli le perdre mon pari, à cause de Touroul. Il était pratiquement le seul à essayer de suivre Bentza mais le départ en rallycross semble déterminer, à lui seul, le résultat final, le pilote parti en tête n'ayant plus qu'à fermer la porte et c'est gagné, enfin presque car certains ne se laissent pas faire comme Lenoir, Bubetz ou Johansson le Suédois. Le speaker nous a annoncé qu'il venait de son lointain pays spécialement pour courir en France, il faut le faire... Passer la journée sous un soleil de plomb et dans un nuage de poussière, ça aussi il faut le faire mais on ne le regrette pas, c'est chouette le rallycross et puis ça change du flipper et du baby-foot chez le père Jullien...

Alain Oger et la berlinette du concours AutoHebdo

Challenge Fiat 127 : on prend les mêmes...

Alors que Gaspard-Huit signait sa cinquième victoire de la saison à Magny-Cours malgré un Jean-Jacques Bénézet déchaîné, Jean-Claude Thibaudeau vient de remporter sa première victoire de la saison au Beaujolais. Gaspard-Huit, pour une fois, ne pouvait rien contre le Sarthois et terminait à la 2^e place. L'autre outsider, Gérard Petitot traverse une période difficile puisqu'il effectuait un tonneau à Magny-Cours, se classant néanmoins 4^e mais n'était pas classé au Beaujolais où il cassait son différentiel. Gérard perd là une belle occasion de revenir au classement général sur Gaspard-Huit, Thibaudeau et Dubois (vainqueur de la superfinale au Beaujolais) qui effectue une remontée tonitruante. Au classement provisoire du Challenge Fiat, rien n'est joué mais Jean-Michel Gaspard-Huit a un avantage numérique et ...moral qui pourrait lui suffire amplement d'ici la fin de saison...

Devinette : à votre avis, que va-t'il se passer au prochain virage ?

Super-finale

Ordre	Pilote	Voiture	Pts
1	Andy Bentza	Lancia Stratos	5
2	Raymond Touroul	Porsche 911 Carrera 3L	4
3	Dominique Wambergue	Alpine Renault A110	3
4	Marnix Deloddere	VW Golf GTI	2
5	Michel Marie	Alpine Renault A110	1
6	Pierre Brunetti	Simca 1000 Rallye 2
7	Serge Dumas	Simca 1000 Rallye 2
8	Jean-Claude Justice	Simca 1000 Rallye 2