Challenge Fiat : une bonne cuvée | |||
Saison 1980 ![]() |
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Texte et photos :
Lionel Froissart (AutoHebdo - 18 décembre 1980) |
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A chaque épreuve de Rallycross, les spectateurs
attendent avec impatience la confrontation des petites Fiat 127, comme pour
toutes les formules monotypes, le spectacle est assuré d'avance. Le
challenge Fiat 127 a couronné cette année Paul Châteaux, un préparateur en
pharmacie de 26 ans. C'est avec lui, Philippe Cachera et Jean Vinatier de
chez Flat que nous avons fait le bilan de cette saison 1980. Jean Vinatier est responsable du service sport de Fiat France, Philippe Cachera lui est plus particulièrement rattaché au Rallycross et est présent sur tous les circuits du championnat de France pour orchestrer la mise en place du challenge et le bon déroulement de chaque course. Tous deux ont dressé le bilan de cette année 1980 en commençant par les pilotes les mieux classés au challenge qui en était à sa troisième édition. |
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Paul Châteaux : 26 ans - Préparateur en pharmacie. 1er avec 326
points En 1979, Paul Châteaux disputait sa première année de rallycross après quelques saisons de karting, inévitablement il a connu pas mal de problèmes, des sorties de route, le tout additionné à des problèmes financiers. Cette année, il a pris la chose beaucoup plus sérieusement, il s'est parfaitement préparé et était au mieux de sa forme dès la première course. Au niveau de la régularité il a fait une saison exemplaire, pratiquement toujours classé, il s'est constamment préoccupé de sa place en fonction de son nombre de points. Parallèlement, en début d'année il courait dans la coupe Fiat et puis à mi-saison il a tout misé sur le rallycross et s'en est trouvé récompensé. C'est un pilote très sérieux et réfléchi, c'est une valeur sûre. Il a peut-être été moins brillant que Gaspard-Huit, son prédécesseur au palmarès, mais il a dû faire face à une concurrence plus aiguisée. Sa place de premier est encore valorisée par le fait qu'il n'a pas la possibilité comme un Roger ou un Bénézet de faire de la grosse mécanique. Il fait tout lui-même avec les moyens du bord et de façon très méticuleuse. Vraiment c'est un beau vainqueur. A son avantage, il faut noter un nombre incroyable de supporters qui l'accompagnaient sur toutes les courses. |
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"J'ai gagné de
l'argent" En effet, même dans une formule de promotion on peut gagner de l'argent si les résultats sont suffisamment bons et réguliers. C'est en faisant son bilan de fin d'année que Paul Châteaux a pu faire cette constatation agréable. "Pour cette deuxième saison de Rallycross, je peux dire que le bilan financier est satisfaisant puisqu'il est positif. C'est tout de même assez rare en course automobile pour le souligner. De plus je n'ai pas eu une seule grosse casse. Il y a juste St-Junien où j'ai cassé la boîte de vitesses. Sur le plan mécanique, je faisais une vérification de routine après chaque course ainsi qu'un contrôle des réglages du train AV et AR. Il y avait également un réglage des soupapes après chaque épreuve, mais tout ça ce sont normalement des vérifications de routine, indispensables quand le seul but est de gagner. A la mi-saison j'ai changé tous les silent-blocs. Toutes les deux courses, je changeais les pneus, à 90 Francs l'unité ce n'est pas énorme et le gain est appréciable. Si l'on ajoute à cela le resserrage systématique de tous les boulons possibles, on a fait le tour de l'entretien mécanique. Pour la saison prochaine, mes projets sont encore assez flous, mais je pense faire la Coupe de l'Avenir". |
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Robert Roger : 36 ans - Agent Fiat. 2e avec 288 points C'est un des premiers inscrits au challenge Fiat, il disputait donc là sa troisième année de rallycross. C'est un pilote qui s'est énormément amélioré au fil des courses. C'est en outre un très bon mécanicien et un excellent carrossier qui a beaucoup fait pour le challenge et le rallycross en général. Les deux premières années, il venait sur les circuits avec un camion atelier très bien équipé en outillage qui servait de base à tout le rallycross. Il a dû renoncer à cette formule après la disparition rapide de son équipement. Dommage... Guy Roland. 34 ans -Technicien Fiat. 3e avec 276 points Roland disputait là sa deuxième année dans le challenge. Il a fait un faux pas à la première rencontre d'Alençon en essayant une manœuvre impossible qui lui a coûté une caisse, depuis il s'est assagi et a conduit sa deuxième partie de saison avec sagesse, ce qui a fini par payer puisqu'il talonne Roger pour la seconde place. |
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Daniel Héraud. 31 ans -Garagiste. 4e
avec 274 points C'est un "vieux routier" comme Roger, il s'est inscrit au tout début du challenge également, a aussi couru dans le cadre de la coupe Audi, la coupe Gordini, etc. Il est garagiste chez Roger et bénéficie ainsi d'une bonne assistance technique. Son expérience l'a bien aidé et on remarque qu'il talonne Roland de 2 points. Michel Julienne. 24 ans -Cascadeur. 5e avec 252 points Inutile de le présenter, il est bien le fils de son père, talentueux, rapide, efficace, intelligent, sportif et... jeune. Il disputait sa toute première saison de rallycross à l'initiative de son père qui voulait que son rejeton connaisse la conduite rapide en peloton sur un terrain souvent glissant. Pour le classement général malheureusement, il lui manque deux courses où il était retenu par ses obligations professionnelles. Il pouvait légitimement espérer une meilleure place encore, c'est un excellent pilote qui maîtrise parfaitement le problème automobile. Sa voiture n'était malgré tout pas particulièrement bien préparée ce qui prouve leur efficacité. Pierre Canu. 40 ans ! Electricien automobile. 6e avec 237 points Canu sans aucun doute c'est un personnage, une figure du rallycross. Il disputait cette année sa troisième saison de course dans le cadre du challenge Fiat. Il faut noter au passage que les gens qui viennent au challenge y sont ensuite assez fidèles. Canu arrive toujours à la limite des délais avec une auto également à la limite de l'acceptable sur la présentation. On a toujours l'impression qu'il "s'en fout" mais c'est une erreur, il soigne énormément certains points mécaniques au détriment de la géométrie, ou du réglage des trains par exemple. C'est en outre un bon pilote qui possède une expérience certaine de la course et qui reste très correct en toute circonstance envers un adversaire. Il a son franc-parler et son caractère. Il n'était pas présent aux deux dernières courses après qu'il ait reçu un avertissement. Jean-Jacques Bénézet. 32 ans -Restaurateur - Agent Fiat. 7e avec 204 points Bénézet courait lui aussi sa troisième saison dans le challenge, c'est un restaurateur qui s'est trouvé pris dans l'engrenage de la compétition, sa véritable passion. Il est maintenant associé à Roger dans son garage et propose des préparations courses. C'est un établissement bien équipé qui a même travaillé sur la carrosserie des 131 Abarth. Bénézet a terminé sa saison en boulet de canon en remportant les trois dernières courses (les finales) ce qui lui a permis de remonter nettement au classement après un début de saison laborieux. C'est un pilote impulsif, un peu brutal avec la mécanique, il a donc connu quelques soucis de ce côté-là dans les premières manches. |
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Hervé Bouchevreau. 35 ans - Directeur de
société. 8e avec 193 points C'est un ancien des courses sur terre, il a longtemps couru avec Thibaudeau en R4 Cross et a repris le flambeau après la mise hors challenge de celui-ci. C'est un bon pilote qui s'est immédiatement bien comporté, il n'est peut-être pas aussi rapide que Thibaudeau. Ce sont des gens qui passent beaucoup de temps sur leur voiture et qui exploitent au maximum le règlement monotype avec parfois un petit quelque chose en plus qui n'est pas autorisé comme par exemple la suppression du câble de vitesse, en soi ce n'est pas grand-chose, mais plusieurs modifications de ce genre finissent par être payantes et c'est anormal dans une formule ou le règlement doit être suivi à la lettre. Bouchevreau et Thibaudeau auraient plus la possibilité de s'exprimer dans le championnat de France où le sérieux dans la préparation apporte des résultats tout en restant dans la légalité. Dany Arnaud. 37 ans - Inspecteur commercial Fiat. 9e avec 161 points Arnaud est venu au rallycross grâce à notre opération 1979 qui faisait appel aux directions commerciales de Zones qui prêtaient au coup par coup des voitures pour courir en rallycross. Arnaud a été conquis et s'est inscrit au challenge. Michel Baudouin. 25 ans -Agent de crédit. 10e avec 139 points Il n'y a pas grand-chose à dire sur Baudouin qui se classe dixième grâce à sa régularité dans les participations. Il a été un des rares à venir par la route avec son auto de course, mais il a dû abandonner cette formule en fin d'année. |
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Du côté des
responsables Le challenge Fiat est attaché au championnat de France et les responsables Fiat se sentent donc, à juste titre, directement concernés par l'organisation générale du rallycross en France et ont quelques souhaits à formuler à l'heure du bilan. Il ne faut pas oublier que les challenges de promotion représentent près de 50 % du plateau. Un chiffre qui autorise la critique. Jean Vinatier (responsable du service sport Fiat) Avant tout, il y a un problème d'organisation générale du Rallycross français. Il y a trop de changements de dates, le calendrier n'est jamais clairement établi. En 1980, les organisateurs ont été incapables de présenter un calendrier correct en début de saison. Il est difficile de bien s'organiser dans ces conditions. Au niveau des courses il n'y a pas assez de compétitions. Avec plus de courses dans l'année, on pourrait faire ressortir une dizaine de circuits qui formeraient l'ossature du championnat national. Certains tracés sont inscrits au championnat sans qu'il y ait jamais eu de course auparavant. Par exemple, le rallycross du Vaucluse, on en parle depuis trois ans, rien, c'est la belle Arlésienne. Il faut absolument un peu plus de sérieux dans toute cette structure. A notre niveau, nous avons connu quelques problèmes avec les voitures au début du rallycross, maintenant c'est réglé mais il nous manque toujours des pilotes. On en compte actuellement une vingtaine, il nous en faudrait le double. Dans cette optique seuls les pilotes les plus méritants prendraient des points contrairement à ce qui se passe actuellement mais je tiens à souligner que le niveau se bonifie d'année en année. Les courses se sont en général bien passées, nous avons connu quelques frictions, c'est inévitable avec une formule où les voitures sont identiques, mais nous tenons à conserver intacte cette politique pour abolir l'escalade financière. Notre voiture coûte actuellement 30 000 F avec les quelques points de préparation autorisés (la préparation va dans le sens de la sécurité du pilote et dans la fiabilité mécanique et non pas dans le sens de l'amélioration des performances). Si demain nous autorisons la préparation, on arriverait rapidement à une Gr. 2 avec des grosses soupapes, des arbres à cames délirants, des culasses préparées, des carburateurs impressionnants et une augmentation du coût d'environ 25 000 francs voire plus, c'est hors de question. Nous resterons très fermes sur la formule monotype. En conclusion je dirais que le rallycross a progressé pendant deux ans, pour ensuite stagner et ensuite quelque peu régresser, à notre niveau le bilan reste positif mais il faut réagir côté organisateurs en insistant sur plusieurs points fondamentaux : respect des règlements, préparation des voitures, pilotes correctement équipés, etc... Philippe Cachera (responsable du rallycross chez Fiat) Etant présent sur pratiquement tous les terrains de rallycross, je rejoins Jean Vinatier sur les problèmes d'organisation qu'il faut absolument revoir. Le challenge arrive souvent tôt le samedi matin sur les circuits et rien n'est encore en place, pas de caravane d'accueil, pas de commissaires techniques, etc., c'est dommage pour le rallycross qui est une formule de course vraiment intéressante, quand on parle d'un championnat de France, c'est valable pour dix concurrents peut-être. Les organisateurs commencent seulement à prendre conscience de l'importance des formules de promotion. |
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