Roger Chevreton raconte sa saison 1981 | |||||||||||
Saison 1981
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Sources :
Echappement - Février 1982 |
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Après des débuts comme
co-pilote de son père à l'âge de 17 ans, Roger Chevreton court depuis une
quinzaine d'années dans de nombreuses disciplines : régional, 2CV Cross,
rallye national, circuit... Il a trouvé sa voie dans le rallycross en 1978,
avant de devenir Champion de France SRT l'année suivante et de se faire
coiffer sur le poteau pour le titre national 1980 par son compère Brunetti.
Fidèle à la Rallye 2, la saison 81 du petit garagiste berrichon se déroulera
presque comme un rêve, avec, de nouveau, une place de dauphin cette fois
derrière Touroul. Pendant l'inter-saison, Brunetti, dont j'étais déjà pleinement satisfait, refait entièrement ma rallye 2 à moteur 1600cm3 (la solution du compresseur n'a pas été retenue). Un bon rapport poids-puissance (160ch pour 700kg) et une bonne motricité sont de précieux atouts en rallycross. Le tandem que je forma avec Brunetti reçoit de renfort de Petrolon, un sponsor qui se montrera plus sérieux que HB2, notre commanditaire en 1980. Mon matériel n'a guère évolué par rapport à la saison précédente; par contre, mes principaux adversaires sont revenus à mon niveau sur ce point et, en 1600cm3, les autos sont sensiblement identiques dans leur préparation. La lutte s'annonce donc plus ouverte et donc plus intéressante. Après une participation au Critérium de Touraine avec une Rallye 3 groupe 1, en compagnie de l'ami Dolbois, la saison débute mal pour moi puisqu'à Colmar dans la course hors championnat, je claque le joint de culasse que je change aussitôt, avant d'y laisser 3 pistons ! En fait, ce sera la seule partie de mécanique que je serais obligé de faire pendant la saison, car je ne connaîtrai aucun ennui pendant les 9 courses du championnat. A Mayenne, je gagne en 1600cm3 avec Natario à mes trousses et je termine deuxième en super-finale... derrière Touroul. Un scénario qui se reproduira à plusieurs reprises ! A Alençon, course limpide en 1600cm3; par contre, sur cette piste rapide, je ne peux lutter avec les GT en super-finale, où je ne termine que cinquième. Je joue l'arlésienne... à Lunéville, car sur la route mon break est tombé en panne et j'ai préféré, après réparation, rebrousser chemin ! On verra que ce forfait aurait pu me jouer un vilain tour en fin de saison. Au Lardin, nouvelle victoire en 1600cm3 et 5e place en super-finale pour les mêmes raisons qu'à Alençon. Sur piste étroite et peu rapide du Beaujolais, Wambergue dispose de la Visa, qui ne m'inquiètera guère, car elle possède moins de motricité et de puissance qu'une Rallye 2. |
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Après un nouveau succès en 1600cm3, je me retrouve opposé, en super-finale, à Touroul qui me devancera évidemment. Rendez-vous ensuite avec les animateurs du Championnat d'Europe à Solgne. J'empoche de nouveau les points en 1600cm3, mais je ne suis qualifié qu'en finale C : normal, vu le "beau monde" et la puissance des autos ! Mais je décide de na pas participer à cette finale A, les autres sont là grâce à la puissance de leurs moteurs et à la grosseur de leur escarcelle, confondent rallycross et stock-car (j'en fais l'amère expérience dans une manche), n'ont aucun scrupule à tasser l'adversaire et comme j'ai, moi, le respect de mon matériel, je m'abstiens ! A Lohéac, c'est vraiment la fête du rallycross, l'ambiance est fantastique et je considère la piste bretonne comme le meilleur circuit français. Je ne faillis pas à mon devoir en 1600cm3 avant de me retrouver en super-finale, qui donnera lieu à deux départs après le tonneau de Julienne. Je ne pourrai faire mieux que 4e, devancé par trois GT. A Marville, je m'offre, en manche qualificative, le premier (et seul) tête à queue de la saison. J'empoche encore les précieux points de la victoire en 1600cm3, mais ne fais guère plus de 100m de course en super-finale. Ai-je été poussé ou ai-je bloqué les freins ? Je me retrouve sur le talus, dont je redescends au moment où surviens le départ de la deuxième ligne; Gambillon, dans la poussière, me heurte et modifie un peu l'arrière de ma Rallye 2 ! | |||||||||||
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Jusque-là, l'auto
bien préparée par Brunetti et entretenue par mes soins ne m'a pas causé le
moindre souci. A Saint-Junien, pour la dernière course, je vais devoir non
seulement me défoncer, mais aussi tirer le meilleur de ma Rallye 2 : en
effet, derrière Touroul inaccessible, je joue ma deuxième place avec Aïta
(VW 2L turbo) qui me talonne à 2 points. En admettant que chacun gagne sa
catégorie, il ne faut pas que je sois à plus de deux places derrière lui en
super-finale. Dur pour les nerfs ! Aïta et moi-même sommes très motivés et
remportons chacun notre classe, réalisant de meilleurs chronos que Touroul
par exemple, ce qui nous vaut les places de choix en super-finale : Aïta à
la corde, moi-même, Marcel et Touroul à l'extérieur qui prend le meilleur
départ, talonné par Aïta. En troisième position, je contrôle bien la
situation. Sans relâche, Aïta attaque Touroul, mais à un tour de la fin, une
durite d'huile lâche sur la VW turbo; Aïta traverse la piste pour se garer
au moment où j'arrive : le choc est violent, l'avant de la Rallye 2 est
pulvérisé, mais je continue. Tarrière en profite pour me doubler;
qu'importe, je conserve ainsi ma seconde place du Championnat derrière
Touroul qui mérite largement le titre national. Si j'avais fait le
déplacement à Lunéville, je n'aurais peut être pas eu à me "défoncer"
ainsi... Avec mes 8 victoires en 1600cm3 et 2 secondes place en super-finale, sur 8 courses, je suis fort satisfait de la saison. Dommage que les prix reçus en fin d'année soient cinq fois moins importants qu'en 1980 (3000 F contre 15000 F l'an passé) et que les règlements prévus pour 1982 soient d'une débilité profonde (j'insiste !). Ils désavantagent les petites voitures et ceux qui possèdent déjà un matériel (une Rallye 2 par exemple); ils vont déséquilibrer les plateaux en mélangeant, en super-finale, la division 1 (des voitures peu rapides) et la division 2 (ex-Saloon Car et GT); de plus, les 1600cm3 n'auront pratiquement plus aucune chance de parvenir en super-finale et disparaîtront, comme cela a déjà été le cas en Production. Il est impossible que ceux qui créent ces règlements soient des pilotes ou même des anciens pilotes, tant les règlements vont à l'encontre des licenciés, de leurs intérêts et même de ceux du public. De toute façon, j'espère encore, cette saison, tirer mon épingle du jeu avec ma Rallye 2 que je conserve (elle est amortie depuis longtemps) car aucune autre auto ne m'intéresse actuellement à moins de disposer d'un très gros budget. Mais si un projet dans une autre discipline sur terre se présente, pourquoi pas ?" |
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Bilan financier |
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