Le clan
Saison 1983
Texte et photos : Jacques Privat ("Echappement" - Août 1983 - Page 186 et 187)
 
Ils ne peuvent pas passer inaperçus : leur gros camions transporteur à deux étages occupe une place importante dans les parcs. Ils sont cinq et font équipe depuis 3 ou 4 ans. Le plus ancien de la bande, c'est Denis marcel, auquel est venu de joindre un an plus tard son beau-frère Bernard Cavigneaux, puis une relation professionnelle de Denis, Jean-Claude Macchetto et son frère Denis Macchetto. Le petit dernier, Pascal Bévione, est arrivé cette année.



 

Le "chef de bande", c'est Denis Marcel. Qualifié dans les phases finales du Volant Elf 74 à Magny-cours, Denis renonce au circuit par manque de temps. Le temps c'est de... l'argent et Denis est davantage préoccupé par son installation professionnelle (une entreprise de vente d'outillage, surplus outillage), que par la course. En 1977, il prend connaissance du nouveau championnat de France de rallycross : les épreuves se déroulent le dimanche, son seul jour de libre dans la semaine. C'est le déclic. Du coup, il achète une Alpine A110, l'ancienne d'Evenou, et Denis participe à toutes les épreuves du championnat 1978, une année d'apprentissage en quelque sorte.

Son "beauf", Bernard Cavigneaux, l'accompagne à une course. Il ne lui en faut pas plus pour s'engager en 79. Bernard reprend l'A110 de Denis, ce dernier faisant l'acquisition de l'A310 4 cylindres de Philippe Wambergue.

De son coté, Jean-Claude Macchetto court cette même année en SRT Cross. Le hasard des relations commerciales (Jean-Claude vend des pneus rechapés et de l'outillage) fait rencontrer nos trois pilotes, Denis, Bernard et Jean-Claude. Tous trois connaissent le même problème de transport des voitures sur le terrain. Denis Marcel et Bernard Cavigneaux achètent un semi porte-voiture à bon prix. Il ne leur reste plus qu'à acquérir le tracteur. C'est alors qu'ils font connaissance à Marville en 1980 de Marcel Grosse, un pilote qui partage une Rallye 2 avec Christian Lagrange. Marcel est transporteur routier. Le tracteur est tout trouvé. Pendant 2 ans, Marcel Grosse sillonne l'Europe la semaine et la... France le dimanche. L'an passé, Marcel Grosse a pulvérisé sa rallye 2 au Beaujolais. Par manque de temps, Marcel ne peut remonter une autre voiture et trop pris par ses obligations professionnelles, abandonne avec regrets ses petits camarades. Entre temps, Jean-Claude Macchetto communique le virus du rallycross à son frère Denis - qui parvient à se libérer tant bien que mal de ses affaires en Afrique noire.

Une solide amitié s'est rapidement créée; toutes les voitures rejoignent le dimanche soir un entrepôt à Bezons dans la région parisienne et l'entretien s'effectue en commun. C'est Pascal Bévione qui assurait depuis 4 ans la décoration extérieure des voitures, normal, il est peintre automobile. récupérant une DeTomaso Pantera accidentée, il la remonte, l'allège et rejoint ses amis cette année. la boucle est bouclée. Mais cette équipe ne pourrait exister sans l'aide de nombreux copains bénévoles comme Jean-Yves Moreau, Jean-Luc Bardet et Dominique Huet. Pour tous, le rallycross est avant tout un loisir, qui ne doit en aucun cas empiéter sur leur vie professionnelle. Un loisir qui les satisfait pleinement. Cela ne les empêche pas d'avoir certains résultats.
 
Denis Marcel

Après ses débuts en Alpine A110, Denis passe rapidement à l'A310 en 1979. Avec cette voiture, il gagne sa première course à Dreux devant Marie, Ragnotti et Oger, participant 4 ou 5 fois aux finales A des GT moins de 1600. Mais en 79, Beltoise est champion de France avec une Alpine A310 Politecnic. Du coup, Denis achète à Grenoble une A310 en kit et se monte sa voiture durant l'hiver. Cette A310 lui est revenue à 50 000 F dont 30 000 pour le châssis tubulaire, la carrosserie et les suspensions, le 1600 Renault étant préparé par Marc Mignotet. Une sacrée affaire, une auto indestructible ! D'ailleurs Denis n'en a pas changé depuis, se contentant d'un petit reconditionnement en début de saison. Depuis 1980, il participe à presque toutes les finales A et régulièrement Denis améliore ses classements au championnat de France : 7e en 1980, 5e en 1981, 2e en 1982 et actuellement 1er ex-æquo avec Pierre Brunetti ! Denis est le plus rapide du clan : il faut dire que c'est lui qui dispose depuis le plus longtemps du meilleur matériel.
 
Bernard Cavigneaux

Bernard a utilisé en 1979 l'ancienne Alpine A110 de Denis Marcel. Il saute le pas l'année suivante en rachetant une A310 ex-usine dans laquelle il installe un 1600 Renault préparé par Pierre Ferry. Bien sûr le châssis est de série, il n'a pas la même rigidité qu'un Politecnic. D'autre part sa boîte est une bonne vieille Renault peu rapide et plus fragile qu'une Hewland. Cette année, il "craque" et se rend acquéreur de l'Alpine A310 Politecnic de Rémy Julienne. Équipée maintenant d'un 2 litres, Bernard Cavigneaux découvre une autre voiture, plus facile à conduire, mieux équilibrée, tant et si bien qu'il commence à taquiner ses petits camarades.
 
Denis Macchetto

Petit frère de Jean-Claude, Denis a récupéré le joujou de son frère, sa première Alpine A110 ! Souvent en Afrique (Denis vend des véhicules à traction animale), il participe entre deux avions à quelques courses. Cette année, Bernard Cavigneaux lui cède son Alpine A310 ex-usine. Habitué à une Alpine A110, Denis s'étonne du bon comportement de cette nouvelle voiture. Avec elle, il réalise des prouesses, arrivant à se qualifier en finale A de la Division 2 moins de 1600, en compagnie de Denis Marcel ! Il est actuellement 7e au classement provisoire du championnat de France.
 

Jean-Claude Macchetto

Après une saison "pour voir" en 1978 dans le cadre du SRT Cross, Jean-Claude grimpe à l'échelon supérieur en montant de toutes pièces une Alpine A110 l'année suivante. Une voiture qu'il conservera deux ans. Pour la saison 81, Jean-Claude échange une A310 contre... deux bâches en toiles (!). Cette A310 est rapidement habillée d'éléments plastiques plus légers et de suspensions Politecnic, alors que le moteur n'est autre que celui de sa vieillissante A110 1600. Participant avec plus ou moins d'assiduité aux rallycross, Jean-Claude en a assez de bricoler sur sa voiture pour le peu de course qu'il dispute. Il décide de racheter en 82 l'A310 Politecnic de Max Mamers. C'est le jour et la nuit ! Jean-Claude découvre enfin une voiture qui tient la route, qui freine, qui accélère (c'est un 2 litres de 200 ch), en somme une auto très agréable à piloter et qui ne demande pas beaucoup d'entretien. Le problème de Jean-Claude Macchetto, c'est d'évoluer en Division 2 plus de 1600, en compagnie de Mamers (Matra Murena), Cresson (Audi Quattro), Touroul, Point (R5 turbo) et Michel Gambillon (Porsche 911). Que du beau monde ! Qualifié le plus souvent en finale B, Jean-Claude a trouvé le plaisir de conduire, un plaisir qu'il n'avait jamais connu auparavant !
 
Pascal Bévione

pascal a rejoint le groupe sur les pistes de rallycross cette saison. Il connaissait Denis Marcel et Bernard Cavigneaux depuis plus de 10 ans, mais Pascal se contentait jusqu'à présent de peindre leurs voitures, Spot Peinture à Huiles. L'an passé, il rachète en épave (10 000 F) une DeTomaso Pantera qu'il allège, c'est tout. Avec 270 chevaux et 5 litres de cylindrée, la DeTomaso possède un couple fantastique, mais la tenue de route est aléatoire. Petit à petit, Pascal progresse, se familiarise avec cette grosse cavalerie, pour se faire plaisir c'est tout.
 
Denis Marcel, Bernard Cavigneaux, Jean-Claude Macchetto, Denis Macchetto, Pascal Bévione, une sacrée équipe, animée d'une amitié inébranlable. C'est assez rare pour le souligner.