Nouveau départ |
Saison 1985 |
Texte et photos :
Jacques Privat |
Neuvième saison de rallycross. La dernière née des
disciplines du sport automobile français repart de plus belle cette année
avec une Division 2 plus de 1600 très relevée, une moins de 1600 taillée
pour les Citroën Visa 4x4 et enfin une Division 1, réservée aux voitures du
groupe A, en pleine mutation. L'évolution de cette discipline s'accompagne
cette année d'un effort promotionnel du rallycross. Cette année tout le monde joue le jeu. Les pilotes ont présenté au Creusot de nouvelles voitures en Division 1 et la Division 2 moins de 1600 a écrémé les voitures mal préparées style Rallye 2 fil de fer ou Bagheera bout de plastic pendant qu'en plus de 1600, nous allons assister à de superbes finales entre plusieurs voitures aussi compétitives les unes que les autres. Super championnat en perspective, très ouvert et qui à coup sûr nous réservera de bonnes surprises tout le long de l'année. Déjà au Creusot deux pilotes de la Division 2 plus de 1600 en ont fait la triste expérience. Denis Marcel a cassé un arbre de sortie de boîte sur sa Matra Murena Roc 4x4 dès la première manche qualificative, imité quelques instants plus tard par Jacques Aïta, boîte bloquée sur son Audi Quattro, en deuxième manche. Deux résultats blancs dès la première épreuve, dur à avaler pour les deux ténors de cette Division. Manque de préparation, budget limité, tout est lié. Denis Marcel qui conserve cette saison cette fabuleuse Matra de 530 ch ne dispose pas de toute l'infrastructure qui était la sienne l'an passé. Ne l'oublions pas, cette Matra est un véritable prototype sophistiqué avec tous les inconvénients que cela représente : pièces spéciales construites à l'unité, problème de sous-traitance, délais de fabrication, etc... Pour Denis le problème est simple : "Je n'ai pu réunir le même budget que l'an passé. Cette année je dispose uniquement du soutien de Ryobi que je vais partager entre le rallycross et la Coupe 505 Turbo. Pour la saison 85, j'ai envoyé le moteur chez Fred Stalder pour une révision. Par rapport à 84, le moteur est plus puissant et il semble qu'une partie des pièces de la transmission n'encaisse pas ce surplus de puissance. J'ai déjà cassé en essais cet hiver une boîte au Lédenon. Deux solutions : ou bien je fais refaire un traitement thermique à certaines pièces ou bien je monte le moteur atmosphérique de 360 ch". De plus Denis ne paraît pas, du moins à la première épreuve, particulièrement motivé pour cette saison de rallycross. Trois places de second au cours des trois dernières ont émoussé quelque peu son objectif : le titre ! Si pour Denis Marcel, la solution est relativement simple, par contre pour Jacques Aïta c'est l'inconnu. "Débarrassé" du "problème" Marcel, Jacques entrevoyait déjà la première place au Creusot. Boîte bloquée, Aïta voyait tous ses espoirs s'envoler pour la saison 85 : "Je n'ai trouvé aucun sponsor pour cette année. Il m'arrive là la seule chose que je craignais. L'abandon. Une victoire aurait pu me replacer dans la recherche de sponsor. Je pense que ma saison s'arrête là". Ses deux adversaires directs out, Roger Chevreton passait plus facilement avec succès son passage des moins de 1600 vers les plus de 1600 avec la célèbre Citroën Visa 4x4 turbo construite par Denis Mathiot. Une voiture d'usine soutenue par Citroën Compétitions pour renouveler son titre 84. Peu d'évolutions pour ce modèle, simplement un allègement et une pression de turbo légèrement augmentée qui lui assure 270, 280 ch. A coup sûr, Roger aurait préféré savourer une victoire moins facile. Les seules bases de comparaisons entre ces trois pilotes sont les chronos réalisés aux essais chronométrés et à la première manche qualificative, et encore. En effet Denis Marcel n'a pu réaliser que le onzième chrono non significatif aux essais suite à des problèmes de pression d'essence alors que Aïta devance de 13/100e Chevreton aux essais et de huit secondes à la 1ère manche dans laquelle le pilote Citroën démarra avec une ou deux secondes de retard, car il n'avait pas vu le directeur de course abaisser son drapeau. Bref, aucune base de comparaison valable pour essayer d'établir une hiérarchie dans la compétitivité du matériel des voitures de Chevreton, Marcel et Aïta. Derrière ce trio que l'on espère infernal pour les dix courses à venir, quatre autres pilotes peuvent au gré des courses glaner un succès. Jean-Pierre Demoisson tout d'abord avec son Alpine A310 4x4 dont le V6 compressé développe pour l'instant 350 ch. Avec de nouveaux pistons plus résistants et une pression plus importante, Jean-Pierre disposera d'ici un mois de 450 ch pour un couple prodigieux de 70 mkg. Au Creusot, Jean-Pierre savourait une deuxième place derrière Chevreton après avoir doublé la Matra Murena Roc de Jean-Claude Macchetto. Cette Matra sera pilotée alternativement par Jean-Claude Macchetto et Bernard Cavigneaux. Enfin, grosse surprise au Creusot, le retour de Jacques Frémiot non pas avec une de ses Matra mais avec une Audi 80 Quattro 2.2L à compresseur d'une puissance de 300 ch. Lui l'inconditionnel de la petite cylindrée, lui qui regrette le temps où il se battait avec trois francs six sous contre Marcel, Tarrière, Julienne en Div. 2 moins de 1600, a réussi à construire cette voiture pour... pas trop cher. Bravo Jacques. Au Creusot, Frémiot réalisait un temps moyen aux essais et cassait définitivement la courroie du compresseur dans la 1ère manche qualificative. A revoir. Les incidents mécaniques qui ont ou vont émailler la Division 2 plus de 1600 risquent de faire le jeu d'un pilote de la Division 2 moins de 1600 et là tout le monde pense à Max Mamers. Grâce à Pierrot Gourmand et Motul, Max a fait construire par Creusot Automobile Sport, dirigée par Michel Jacquier-Lafforge, une fantastique Visa 4x4. Michel qui a une grosse expérience des Visa (construction d'une Visa prototype pour Citroën Compétitions, développement en 84 de la Visa de rallycross pour Mamers), a réalisé une superbe voiture : pas de problème de mise au point, de fiabilité... Elle semble au vu de la première course voler au-dessus des autres Visa 4x4. Pour preuve il n'y a qu'à voir le chrono signé par Max dans sa finale : plus vite que Chevreton ! Parmi les cinq (!) autres Visa 4x4 présentes au Creusot, il était difficile d'établir une hiérarchie. Jean-Luc Marteil, qui ne pourra participer qu'à quelques épreuves, prenait le premier accessit devant Raymond Touroul et Jean-Pierre Beltoise. Le loup dans la bergerie, c'est Jean-Claude Savoye sur sa R5 Turbo 1550 cm' atmosphérique (moteur Ferry) qui finit cinquième. Quant à Châteaux que l'on considère comme l'outsider numéro 1, il s'est débattu sans succès avec de gros problèmes de transmission sur sa toute nouvelle VW Golf GTi 4x4. A revoir lui aussi. Une Division 1 renouvelée Le trio en Div. 2 plus de 1600, la "Coupe Visa" en Div. 2 moins de 1600 ne font pas oublier la fantastique bataille que vont se livrer les pilotes de la Div. 1. Ainsi en plus de 1600, plus de Goran Johansson pour l'instant. Le Suédois a préféré s'orienter vers la Production avec une Saab 900 Turbo de 345 ch. Un autre trio de choc va en découdre toute la saison : Gérard Bonnet, Jean-Jacques Bénézet et Jean-Baptiste Point. Gérard Bonnet a retrouvé avec plaisir son coupé Alfetta GTV 6 qui a été revu par Jacques Aïta. Un coupé qui lui a permis de réaliser par deux fois la meilleure performance au cours des deux premières manches qualificatives. En troisième manche, surpris par le meilleur départ de Point et essayant de refaire son retard, Bonnet heurtait le talus et partait en tonneau. Jean-Baptiste Point remportait sa première finale avec sa toute nouvelle voiture, un coupé BMW 635 CSI racheté à Dominique Fornage. Avec 290 ch contre 220 pour Bonnet, 1220 kg contre 1050 kg, nous allons assister à de superbes finales, à moins que Jean-Jacques Bénézet mette tout le monde d'accord avec sa toute nouvelle R11 Turbo préparée par Creusot Automobile Sport. Jean-Jacques ne dépassait pas le cap de la première manche qualificative, joint de culasse HS. Il attend le gros moteur de 180 ch, et la nouvelle boîte avec son pont autobloquant. Avec son petit 156 ch du Creusot, Bénézet n'a même pas pu effectuer un chrono qui aurait pu servir de base de comparaison entre le GTV 6 et la 635 CSI. C'est encore en Division 1 moins de 1600 que l'on assistera tout le long de la saison à des finales pleines d'incertitudes. Il y a au moins six ou sept voitures qui peuvent prétendre à la première place. Au Creusot les plus compétitives ont été les deux Ford Escort 1600 RSI de Christian Ménier et Jacques Sanchez. Celle de Ménier est l'ancienne groupe A de Jean-Luc Rançon alors que Jacques Sanchez a conservé sa RSI de l'an passé dont le moteur a été confié à SA Pierre Ferry. Avec 140 chevaux pour tous les deux, les RSI vont mener la vie dure aux Peugeot 205 GTI toutes nouvelles en rallycross. La plus puissante est celle de Louis Helwig, meilleur chrono aux essais, et qui en début de course perdit le bénéfice de sa seconde place sur la grille. Devant, Ménier longtemps premier, connut des problèmes de tringlerie de boîte ce qui le fit reléguer à la 3e place. Sanchez en profitait pour le passer ainsi qu'Helwig. Par deux fois, Sanchez connaissait lui aussi des problèmes de boîte et il s'en fallut d'un rien pour que Helwig signe lui aussi sa première victoire. Sans Châteaux et Paqueraud, il semble à première vue que le peloton des VW Golf GTI ne soit pas aussi compétitif que l'an dernier. En course Galipon (VW Golf GTI) prit la cinquième place devancé par un combatif Serge Dumas, de retour en rallycross après trois saisons de désertion, au volant d'une 205 GTI presque de série. Dans la série des possibles dans cette catégorie figure Philippe Hamer (vainqueur de la Coupe Autobianchi 81) qui pilote une Alfasud Sprint Veloce préparée par Paul Gosset. Avec 133 ch et une excellente motricité le coupé Sprint a son mot à dire. C'est dans cette catégorie que l'on retrouve les trois filles du rallycross. C'est Catherine Caly qui s'est révélée être la plus rapide avec sa Golf GTI devant Evelyne Heise (Alfasud Sprint) Evelyne Bodin, qui avait réalisé le meilleur chrono aux essais, ne participait pas aux finales. Une nouvelle promotion C'est par l'intermédiaire de Bernard Marchais qui accompagna depuis de nombreuses années Paul Châteaux que l'AFOR (Association Française des Organisateurs de Rallycross) s'est associé avec Amiral Promotion pour s'occuper de la partie promotionnelle et administrative du rallycross. C'est ainsi que trois challenges ont pu être créés : le Challenge Camel Off Road, le Sachs et le Challenge AFOR. Avec 150 000 F de prix, plus les prix organisateurs, l'ensemble de l'enveloppe budgétaire commence à s'épaissir. De plus Amiral Promotion qui assure la permanence administrative à Paris délègue deux personnes sur le terrain et s'est adjoint la présence d'un ordinateur et de deux techniciens de Sharp. |