Rallycross, Traction ou propulsion ? | |
Saison 1985 | |
Texte
: Jacques Privat - Photos : Jacques Privat et Alain Aubard |
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Le choix de la voiture est primordial en Rallycross. Motricité, puissance sont les maîtres mots d'une réussite. En Division 1 plus de 1600 les deux modes de propulsion sont à l'honneur. Pour l'instant avantage à la traction, la R11 Turbo de Jean-Jacques Bénézet, trois victoires, contre deux, aux deux premières épreuves, de la BMW 635 CSi de Jean-Baptiste Point. | |
Un
pari difficile Jean-Baptiste Point a déserté les courses de côte en 1983 pour se consacrer au Rallycross avec une R5 Turbo qui troqua son moteur suralimenté pour un... atmosphérique l'an passé. Barré en efficacité par les Citroën Visa 4x4, Jean-Baptiste fit l'impasse sur la fin de saison 84. La R5 Turbo serait revenue trop cher pour la transformer en 4RM. Immédiatement J.B. pensa au groupe A, en Division 1, avec une VW Golf GTi 1800 ou une BMW. Dominique Fornage vendait ses BMW 635 CSi qui avaient participé au championnat d'Europe des voitures de tourisme 84 ! Une fois débarrassé des appendices spécifiques aux voitures de tourisme (gros réservoir à remplissage rapide, vérins pneumatiques...) Point se rendit acquéreur d'un des trois Coupés pour 130 000 F, une affaire en comparaison à la construction d'une GTi 1800 groupe A neuve ! Appuyé par Motul et Serge Pajean de BMW Rambouillet, Jean-Baptiste démarra la saison en fanfare : deux courses, deux victoires en Division 1 plus de 1600. La BMW possède une bonne motricité sur le sec, de la puissance (290ch) pour un poids encore excessif pour sa cylindrée (1310 kg pour une limite de 1180) : "Je n'ai pas encore effectué de révision. Tout commence à être un peu usé. Il faudra changer les freins, le boîtier de direction, l'embrayage. Pour améliorer la motricité, il faut que je monte des pneus très hauts, des TRX de préférence sans quoi je perds trop en efficacité au démarrage. Mon gros problème est en fait la... présence de Jean-Jacques Bénézet et de sa redoutable R11 Turbo. Il ne lui a fallu que deux courses pour être compétitif !". Mais déjà, Jean-Baptiste pense à l'an prochain : "Le coupé 635 CSi sera homologué avec le 24 soupapes et les 400 ch seront assurés en groupe A, à moins que BMW ne sorte sa fameuse 325i 4RM !" |
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Le
trouble-fête Jean-Jacques Bénézet n'aura attendu que deux courses, les deux premières, pour refaire parler de lui. En l'absence (remarquée) cette année de Goran Johansson et de sa Saab 900 Turbo, deux fois premier en Division 1 plus de 1600 au championnat de France 83 et 84, Jean-Jacques Bénézet a repris le flambeau de leader des tractions avant. Et de quelle manière ! Jean-Jacques est toujours l'homme des paris osés. Il s'est parfois loupé (Flat X1 /9, Volvo 343 ex-Bousquet), il a depuis deux ans réussi ses choix techniques. L'an passé il pilotait une Fiat Ritmo 130 TC groupe A préparée par Pierre Brunetti; à de nombreuses victoires jusqu'à mi-saison, succéda une domination de Johansson. Un rien, une simple mais complète remise en forme de sa Ritmo lui aurait permis de mieux finir sa saison 84. Cette année, Jean-Jacques préféra opter pour une R11 Turbo. Une voiture qui en est à ses balbutiements de préparation en groupe A par Renault Sport. Qu'importe. Jean-Jacques a frappé à la bonne porte pour la construction de la R11 Turbo groupe A : C.A. Sport. Michel Jacquier-Laforge a ses entrées chez Renault Sport et Jean-Jacques Bénézet put bénéficier des mêmes avantages qu'Alain Oreille. Ils disposent tous deux d'une voiture au même stade d'évolution : un moteur de 156 ch Sodemo, une boîte groupe A mais pas de direction directe ni d'autobloquant ! Après deux abandons au Creusot et au Lédenon pour cause d'une mauvaise poulie de pompe à eau, Jean-Jacques a commencé une série ininterrompue de trois victoires consécutives. Une victoire facile à Lunéville sur un terrain humide qui favorisait la traction avant, une troisième place (mais premier français) en championnat d'Europe à Marville après qu'il eut été en tête pendant deux tours, une autre victoire, plus difficile celle-là, à Essay. Et un retour météorique au championnat de France, sixième à sept points de Point, quatrième. |
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Les trèfles effeuillés... Si les succès de l'Alfetta GTV 6 groupe A ne se comptent plus en rallye (Loubet, Baies, Rigollet), par contre en Rallycross, seul Jacques Aïta a pu accrocher une seule victoire en 83, et depuis plus rien. A coup de liasses de billets de... grosses coupures l'Alfetta est compétitive. Encore faut-il savoir où s'adresser ! Aïta a essuyé les plâtres; du coup, Gérard Bonnet est allé chez lui pour faire reconstruire son coupé après avoir frappé à plusieurs portes l'an passé. Petit à petit Gérard améliore sa voiture, une voiture qu'il a d'abord choisie pour le plaisir de conduire, mais aussi pour son... bruit. T'as raison Gérard ! Tout le monde s'arrête de parler quand tu cours pour tendre l'oreille... Les résultats se font attendre. Les deux meilleurs chronos réalisés à la première course au Creusot ne purent se concrétiser en finale par la faute du journaliste de service, euh... qui lui dit de partir en troisième manche qualificative pour marquer des points dans les challenges... où il fut victime d'un spectaculaire tonneau. Absent au Lédenon (la voiture n'était pas prête) il était gêné à Lunéville par le terrain gras, avant de casser sa boîte à Marville puis de connaître des problèmes de sélection de vitesses à Essay; "La GTV 6 est très agréable à piloter. La grosse difficulté est de trouver des pièces. Chez Luigi en Belgique on arrive à dénicher des pièces d'occasion, mais l'auto reste encore fragile et pas assez compétitive. Je suis tenté par une R5 GT Turbo ou une VW Golf GTi 16 S l'an prochain...". Yves Richard a fait une entrée en fanfare en Rallycross. Après avoir participé à sept saisons de Renault Cross et gagné trois courses, Yves Richard s'est tourné vers le Rallycross. Il a racheté le GTV 6 Critérium Production de Marzolini qu'il a rendu conforme au groupe A. Et une seconde place à Lunéville pour sa première course, à laquelle succéda la quatrième place à Marville et la troisième à Essay. C'est Michel Gambillon qui s'occupe de sa voiture. Un petit moteur (190-200 ch) avec des bons arbres à cames et un bas moteur bien préparé, c'est tout. Et un investissement minimum : 50 000 F plus 20 000 F de pièces pour faire une groupe A ! Tout le reste est de série : la boîte, les freins,... le maxi plaisir de conduite pour un petit prix. Bravo. |
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D'autres Alfetta, des deux litres celles-là,
participant au gré des courses à la Division 1 plus de 1600: Thierry Naudet
et Alexis Delahaigue ont bien raison de profiter des aléas de la course pour
épingler une place sur le podium : voir la troisième place de Delahaigue à
Lunéville et de Naudet au Creusot. José Natario, quant à lui, a préféré
jeter l'éponge après la seconde course à Lédenon, après avoir mené la finale
A et perdu bêtement sur crevaison avec son GTV 6 que racheta Gérard Bonnet
pour servir de réservoir de pièces détachées. Individualistes Jean-Pierre Lepée prend l'habitude d'acheter chaque année le matériel de son copain de Nogent le Rotrou, Christian Ménier. A la Ford Escort RS 2000 a succédé cette année la Ford Capri 3 litres. Second au Lédenon, deux fois quatrième au Creusot et Lunéville, Jean-Pierre s'est fait chahuter à Marville par les Scandinaves. De son côté, Philippe Chanoine, concessionnaire Renault à Dreux, s'amuse comme un petit fou avec une R5 Alpine Turbo de série, refaite à neuf après sa culbute de Lédenon. Quant à Cathy Caly, elle a décidé de faire parler d'elle chaque mois. Le mois dernier en Division 1 moins de 1600, cette fois-ci en plus de 1800 avec sa VW Golf GTi 1800. Une prometteuse troisième place sur la grille à Essay derrière Bénézet et Point, non confirmée par une vitesse ratée au départ de la finale. Bénézet s'inquiète et Point pense déjà à son coupé 635 CSi sur une piste grasse... |
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