Le chant du cygne |
Saison 1992 |
Texte et photo :
Vincent Caro |
Le chant du cygne Les belles histoires ont toujours une fin. Et les héroïnes du rallycross, jadis reines du rallye, s'en vont. Par la grande porte, les groupe B quittent l'arène, où entre déjà la nouvelle génération, peut-être moins prestigieuse, mais pas moins puissante. Tradition rallycross oblige. Le rallycross a fêté cette année son vingt-cinquième anniversaire. Dignement : d'abord dans l'enceinte du majestueux château de Douvres, ensuite dans son berceau, sur ce juge de paix qu'est le circuit de Lydden Hill. 1992 aura d'ailleurs été l'année de toutes les célébrations : l'Angleterre est ravie des consécrations de Will Gollop et de la MG Metro 6R4 toute "British", le Suédois Kenneth Hansen a fixé à quatre le record des titres consécutifs et enfin, dans chaque pays visité par le championnat d'Europe, le public a réservé une dernière ovation à ces diaboliques groupe B. |
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Depuis toujours,
le rallycross s'est articulé autour des notions de puissance et de
spectacle. Après les groupe 5, les groupe B étaient donc toutes indiquées
pour entrer dans le jeu, d'autant que ce terrain d'expression-là leur
offrait les meilleures conditions de sécurité. Elles ont tout gagné (sauf
une seule course, soit l'exception qui confirme la règle...) et certaines
d'entre elles ont même profité de cet asile sportif pour mûrir, après une
trop brève carrière en rallye. Le meilleur exemple en est la MG Metro 6R4 de
Will Gollop. Un peu fébrile par rapport à la référence de la race, à savoir
la Peugeot 205 Turbo 16 Ev.2, la 6R4 a été revigorée par la greffe de deux
turbos à son V6, ce qui a porté sa puissance au-delà des... 650 chevaux ! De
chevaux-vapeur, les groupe A "améliorées" qui auront la lourde tâche de leur
succéder ne manqueront pas. Et pour cause : leur mécanique sera en partie
empruntée aux groupe B. Sous une robe plus actualisée, les voitures de la
catégorie-reine continueront donc à porter des dessous "choc". Duels au sommet Le championnat d'Europe est une affaire de duels. En Division 1, l'empoignade entre Kenneth Hansen et Bjorn Skogstad se répète depuis quatre ans et finit invariablement par tourner à l'avantage du premier nommé. En Division 2, Martin Schanche a toujours composé avec la concurrence. Il y eut Alamäki, il y a désormais Gollop. Mais Schanche n'a pas pu combattre cette année. Alors qu'il était déjà bien lancé vers le titre, un de ses coups de tète légendaires a été sanctionné par un retrait provisoire de licence. La voie, dès lors, était libre pour Gollop. L'Anglais ne fut pas le seul à profiter de l'absence forcée de "Mister Rallycross" : Pat Doran, Pekka Rantanen, Tommy Rustad et Tommy Kristoffersson ont sauté sur l'occasion pour se hisser une première fois sur la plus haute marche du podium. Il y avait belle lurette que la Division 2 n'avait plus connu autant de vainqueurs ! Ajoutées à l'adieu des groupe B, toutes ces premières, y compris celle du titre de Gollop, nous ont valu quelques intenses moments d'émotion. |
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