Lunéville (15 et 16 octobre
1977) 9éme et dernière manche du championnat de France de Rallycross Engagés : 47 |
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Texte
: Michel Lizin - Photos : Jean-Claude Bonnaud (Echappement - Décembre 1977) |
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BUBETZ sans Ragnotti Le circuit des Meubles Foissey à Lunéville, théâtre de la dernière manche du championnat de France de Rallycross, s'est avéré assez intéressant. En effet, les grandes différences entre les circuits de Rallycross français et étrangers sont la lenteur des tracés français, le manque de parties goudronnées et l'étroitesse de la piste. Grâce à un circuit assez rapide, tracé sur l'ancien aérodrome de Chènevières et à la large utilisation des anciennes pistes de décollage bétonnées, le circuit de Lunéville répondait à deux des critiques mentionnées ci-dessus. Restait, à certains endroits tout au moins, l'étroitesse de la piste "obligeant " les suiveurs à pousser quelque peu les suivis s'ils voulaient avoir une chance de les précéder. |
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C'était en tout cas l'avis du Belge Guy Deladrière, un des pilotes qui ont
le plus "bourlingués" sur l'ensemble des pistes européennes : "Vous, les
Français, vous vous effrayez à la moindre poussette volontaire. Allez voir à
Valkenswaard en Hollande, ou à Melk en Autriche, comme ça se passe. La
poussette est tolérée et même acceptée dans certaines limites qu'il convient
de ne pas dépasser. Il est vrai que vous tentez le diable car l'étroitesse
de vos pistes facilite trop le jeu de l'obstruction pour celui qui est en
tête. Essayez donc de passer une Porsche sans que le pilote de celle-ci
fasse une faute, et sans le toucher. Vous m'en direz des nouvelles"... La poussette Oui, la poussette volontaire fut à l'ordre du jour à Lunéville, et principalement à cause de Jean-Claude Lefèbvre, l'une des grandes vedettes de la journée grâce à la forme qu'il détenait. Une trop grande forme puisqu'il fut à plusieurs reprises victime de sa fougue, se retrouvant même sur le toit pour avoir refusé d'admettre, que cette fois-là, sa tentative de dépassement de Rémy Julienne avait échoué. Il s'est mis également tout seul, comme un grand (qu'il est), sur deux roues, à la limite du tonneau dans la première éliminatoire alors qu'il chassait derrière Saby. Lefèbvre, encore lui, et il l'admettait après la course, avait dû pousser certains pilotes en 1/4 et en 1/2 finale pour se frayer un chemin jusqu'en finale, et dans cette dernière pour éliminer les Mini anglaises qui le séparaient de son grand rival Bruno Saby (Alpine 1600). Le pilote Peugeot a gagné et il a passé Bruno Saby à la fin du second tour, juste devant la ligne d'arrivée, en s'appuyant quelque peu sur l'Alpine de son rival. Il a également animé la superfinale qu'il aurait pu remporter s'il n'avait pas trop cru que l'Allemand Bubetz allait commettre une faute. Collé à l'arrière, de la Porsche, Lefèbvre poussait l'Allemand pour lui faire commettre une erreur qui ne viendra jamais. Avec Lefèbvre en moins de 1600 cc, Bubetz, vainqueur en plus de 1600 cc comme de la superfinale, fut donc le second grand " Monsieur " du Rallycross de Lunéville. |
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Revenons à la
poussette. Lefèbvre a reçu à Lunéville deux avertissements de la part du
Directeur de course pour conduite irrégulière et c'est sans doute ce qui l'a
rendu prudent en superfinale, face aux doigts vengeurs de ce même Directeur
de course. Ces avertissements étaient mérités. Lefèbvre avait
incontestablement dépassé cette "limite" dont parle Deladrière. A
Valkenswaard, cela lui aurait peut-être valu la mise hors-course, même si on
a vu pire là-bas. Dans les deux finales, par contre, son pilotage était à
l'intérieur de ces limites et il était trop tard pour le mettre hors-course.
Mais de toute manière, il ne faut pas deux poids deux mesures. Avez-vous
déjà vu le Suédois Stig Blomqvist en Rallycross. Il démarre toujours dernier
de sa série, comme Lefèbvre, car il a une voiture moins puissante, et il
gagne, parfois alors qu'il se bat contre des Porsche et autres Lancia
Stratos. Comment croyez-vous que le grand Stig arrive à passer ces voitures
? Sinon par quelques uns de ces trucs dont il a le secret et qu'une traction
avant permet d'utiliser à merveille ? Stig est plus discret que Lefèbvre,
car il a plus d'expérience et sa voiture est plus lourde. Les organisateurs,
parfois, n'hésitent pas à mettre cette vedette du pilotage mondiale
hors-course, mais la plupart le laissent faire, car il enthousiasme le
public par ses prouesses et son sens de l'équilibre. Le Rallycross c'est
d'abord avant tout un spectacle, ne l'oublions pas. Et le classement d'une
seule épreuve ne reflètera jamais l'échelle réelle des valeurs présentes car
la chance a une trop grande importance. |
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C'est
un spectacle, mais qui a ses règles. La question est de les déterminer avec
précision; mais il ne faut pas encenser un pilote (Blomqvist) et critiquer
un autre (Lefèbvre) alors que les deux envisagent le Rallycross de la même
manière. Ron Douglas est également un des pilotes les plus populaires en
France parce qu'il est Anglais, conduit une Escort qui se bat contre les
Porsche et arbore un éternel sourire, mais il est rentré en pleine
accélération dans l'arrière de la Porsche de Frommel pour souffler à ce
dernier la 3e place en finale. La manœuvre était délibérée, il
n'y avait place que pour 3/4 d'Escort et s'est produite face à la ligne
d'arrivée, devant les chronométreurs, Directeur de course, etc. Ne
méritait-il pas un avertissement, au moins ? Une seule solution, ne prenons
jamais le Rallycross trop au sérieux. Et n'oublions pas la plus grande
qualité de cette discipline : elle est amusante à regarder. Des Français en forme En catégorie moins de 1600 cc surtout, où les adversaires principaux des Français étaient les spécialistes anglais des Mini : Potter (10e), Bamber (3e) et Rogers (4e), et l'Allemand Krueger, 5e sur son NSU. En dehors des duettistes bien connus que sont Saby et Lefèbvre, d'autres pilotes ont impressionné. Nous citerons Forestier qui tire le maximum de sa Ford Escort et qui a raté de peu la qualification en 1/2 finale parce qu'il n'accorde pas encore une importance suffisante à un des paramètres du Rallycross : empêcher le suivant de passer. S'attachant à parfaire ses trajectoires (et il y arrive), il ouvre trop souvent la porte à son suivant à l'entrée des virages. Autrement il fut excellent. Il y a aussi Gobert (Mini), qui a fait jeu égal avec les spécialistes anglais lorsqu'il leur a été opposé. Il a d'ailleurs été éliminé en même temps que Potter (une référence), suite à l'obstruction systématique de l'Allemand Kraft. Il a même précédé Potter, en ayant profité d'une faute de l'Anglais, au moment où des ennuis mécaniques lui ont coûté une place méritée en finale C. Il y a encore les pilotes des Rallye 2 comme Julienne, Lagniez, Paillocher, Brunetti et Jarier. Les deux premiers ont été victimes de la malchance, les deux suivants d'une fougue excessive. "J'ai été surpris par la sortie de route d'une Alpine devant moi" dira Brunetti. Jarier, quant à lui, pilote de Formule 1 à ses heures, a fait de très bons débuts, étant de loin le pilote Simca le plus rapide à l'issue des manches qualificatives. Il y a enfin les pilotes des Alpine 1600: Marie, Evennou et Marteil. Marie fut le mieux classé à l'arrivée (2e de la finale B) mais Martel) fut peut-être le meilleur à Lunéville... jusqu'à ce qu'une sortie de route ne l'élimine stupidement. |
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![]() Rik Vanmechgelen (Porsche) devant Luc Noyen (Alpine), Colin Richards (Chevrette 2.3L) et Mick Bird (TR7) : la diversité dans une classe 2 où les étrangers furent nombreux cette saison. |
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Les " gros étrangers" En plus de 1600 cc, par contre, ce fut moins brillant en l'absence de Jean Ragnotti. Il n'y avait en effet que quatre Français pour s'opposer à quatorze étrangers. Avec une Escort au moteur quasi d'origine, Tourenne ne put espérer dépasser le stade des 1/4 de finale malgré un pilotage correct, et l'ex-champion de France d'Autocross Bertrand Lenoir (Porsche) n'était pas très en forme. Il se distingua surtout en provoquant un violent accrochage avec la Ford Escort de Douglas et ne doit sa qualification en finale C qu'à un tête-à-queue de Van Mechgelen à... un mètre de la ligne d'arrivée. Il se classe finalement 10e. Si les étrangers (Bubetz, Deladrière, Douglas, Frommel dans l'ordre) monopolisèrent les places en finale A, deux Français réussirent à atteindre la finale B. Tous deux sont de bons pilotes de rallye, peu connus : Philippe Wambergue (Alpine 1800) qui en était à son 3e Rallycross, et Bernard-Etienne Grobot, ex-équipier de Jacques Henry et que l'on a vu comme pilote au Monte-Carlo sur une Alfa 2000, qui avait engagé sa Porsche Gr. 4 de 260 ch pour voir, parce que c'était près de chez lui. Une 7e place couronne sa prestation. Avec une voiture moins belle, pour ne pas avoir peur des contacts, le classement aurait pu être meilleur : "C'est amusant. Ça ne remplace pas le rallye, mais j'en ferais bien quelques-unes en 1978." Soyons certains que les pilotes qui se tiennent actuellement le même raisonnement sont nombreux. |
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Les pilotes
étrangers ne marquent pas de points pour le classement du championnat de
France, mais uniquement pour le challenge BP-AutoHebdo. |
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Les pilotes
étrangers ne marquent pas de points pour le classement du championnat de
France, mais uniquement pour le challenge BP-AutoHebdo. |
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Les pilotes
étrangers ne marquent pas de points pour le classement du championnat de
France, mais uniquement pour le challenge BP-AutoHebdo. |
Classement général final du championnat de France 1e : Jean Ragnotti - 170 Pts (décompte de 14 pts) 2e : Bruno Saby - 161 Pts (décompte de 26 pts) 3e : Jean-Claude Lefèbvre - 136 Pts (décompte de 26 pts) 4e : Bertrand Lenoir - 86 Pts 5e : Pierre Brunetti - 59 Pts (décompte de 2 pts)... |