Lohéac (5 et 6 juin 1993) 5ème manche du championnat de France de Rallycross Spectateurs : 32000. |
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![]() ![]() Classement européen |
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Avant la course... |
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Texte
et photos : Jacques Privat |
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Pailler superstar Le breton Jean-Luc Pailler a réalisé son rêve ! Il voulait gagner la course française, puis l'européenne, chez lui, à Lohéac. Et devant plus de 32000 spectateurs, il n'a jamais, jamais, laissé un seul espoir à ses adversaires. Une performance unique qui lui laisse entrevoir un double titre de champion de France et d'Europe... Tout a été dit, écrit sur Lohéac. Cette petite bourgade d'a peine plus de 500 âmes, vit au rythme du rallycross depuis le fameux 5 septembre 1976, date du premier rallycross français. Les 450 bénévoles, venus aussi de villages voisins, œuvrent à la réussite de cette manifestation sportive. Et chaque année, l'Association Sportive du rallycross de Lohéac s'émerveille, à juste titre, du succès de leur épreuve. Patrick Germain, qui vient de prendre le relais de Pierre Tollemer, à la tète de la présidence de cette association est affirmatif : "Il faut tout de même être attentif. C'est sûr, chaque année, nous battons, nous rebattons notre nombre de spectateurs. Mais tu sais, le rallycross de Lohéac, c'est le travail d'une année, le travail de nos bénévoles, et de cela nous en sommes fiers. Le rallycross, nous y pensons tout le temps, nous y travaillons sans cesse. Ce succès populaire, qui nous émerveille à choque course, récompense nos efforts. Il faut rester vigilant. Mais c'est vrai, quand tu vois cette foule massée autour de la piste, quelle satisfaction !" |
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La
sérénité de Pailler Et pour combler ce public, un Breton est arrivé à Lohéac, en tête du championnat de France et d'Europe de rallycross. Que rêver de mieux ! Jean-Luc Pailler a tenté un pari, briller à la fois en championnat de France et d'Europe. Un Pailler formidablement bien dans sa tête, résistant magnifiquement à la pression extérieure. Et inlassablement, tout au long de la journée, on lui posait la question : "Jean-Luc, ça va ?" Et invariablement, il répondait : "Je n'ai pas de stress. Ce sont les autres qui ont la pression. T'as vu le nombre de faux départs !". D'ailleurs sa mine réjouie, à la fin des deux manches qualificatives françaises et européennes, en disait long. Il avait à chaque fois réalisé le meilleur temps, ce qui lui permettait de bronzer tranquillement en début d'après-midi. Et pour confirmer son insolente supériorité, il ajoutait : "J'ai fini une partie de mon boulot. Je peux aller me reposer maintenant. Je suis serein". Avant de renchérir : "Tu sais, mes mécanos ont fait un super boulot. Thierry Le Guily a encore travaillé sur la suspension. C'est payant. Je conduis un pullmann. La BX est parfaite. Il faut que tout le monde le sache. Sans Thierry, Didier, Daniel, Jean-Yves et beaucoup d'autres, je ne serais pas là. Je leur dois beaucoup de ma réussite. Je suis content pour eux". |
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Et les autres ? En
championnat d'Europe, Jean-Luc Pailler fut bien aidé en Division 2 par les
abandons précoces, dès les essais, de Martin Schanche (Ford Escort RS 2000
4x4) et de Will Gollop (Peugeot 309 GTi 1750 4x4), tous deux en proie à
d'insolubles problèmes de moteurs. Il lui restait tout de même à se méfier
de Kenneth Hansen (Citroën ZX 1900 turbo 4x4) et de Tommy Kristoffersson,
impressionnant par sa taille, mais aussi par son talent, au volant d'une
superbe Audi Quattro S2 à moteur IMSA, ni plus, ni moins. La première
confrontation directe eut lieu en seconde manche. Il n'y eut pas photo.
Pailler a surclassé Hansen et Kristoffersson. Pour assurer sa place à côté
de Pailler en finale, une place convoitée par John Cross et surtout Per
Eklund, Hansen devait remporter la troisième manche... ce dont il s'acquitta
sans problème. Ainsi les deux Citroën boys, Co-leader du championnat
d'Europe, partaient en première ligne. Le départ de la finale fut clair.
Pailler réussit parfaitement son envolée. Et la foule, sans doute assommée
par la canicule, parfois par la surconsommation de bière se réveilla. À
chaque passage de Pailler, elle applaudissait, sans toutefois atteindre
l'euphorie de 1988, lorsque Gérard Roussel avait réalisé un parcours de
toute beauté en finale C, B puis A. Le public n'a pas réagi comme nous le
pensions au fantastique exploit de Pailler. Peut-être la force de l'habitude
! Dix-huit victoires de rang en championnat de France l'ont habitué à la
victoire "facile" du Brestois. Pailler attaqua pendant trois tours, avant de
souffler quelque peu, d'autant plus qu'Hansen s'arrêtait dès le second tour,
différentiel arrière cassé. Derrière, superbe regroupement en fin de course
entre Kristoffersson, Doran et le spectaculaire Eklund. Et c'est dans cet
ordre, à une bonne longueur de Pailler, que le trio passait la ligne
d'arrivée. La Division 1 européenne a abandonné cette année les groupe A deux roues motrices pour les groupe N quatre roues motrices. Un pari difficile, pour l'instant pas complètement convaincant. Cette "sous Division 2" a du mal à faire oublier les fabuleuses Ford Sierra RS 500 ou BMW M3 Sport Evolution. La course vit la victoire facile du jeune Anglais Richard Hutton, la seconde consécutive, loin devant deux pilotes de la défunte vraie Division 1, les "ex-spectaculaires" Eivind Opland et Ludwig Hunsbedt. Vous vous rappelez la BM mauve et orange à Bergerac... c'était, nous disons bien c'était, lui... Cette année pas de glisse, pas de bruit, pas de spectacle. À méditer et/ou... à oublier. |
![]() Kristoffersson, avec sa splendide Audi S2, a conquis de haute lutte la deuxième place ! ![]() Toujours la santé le vétéran Per Eklund. |
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Et
les Français Pour la première fois, les pilotes français ne rentraient pas directement en concurrence avec les Européens. Pourquoi ? Tout simplement parce que la réglementation technique est totalement différente en Division 1. De ce fait les deux championnats, de France et d'Europe, étaient séparés des manches qualificatives à la finale... pour la plus grande incompréhension du public. Ce que regrettait par exemple le meilleur représentant français l'an passé en Division 1 à Bergerac, Pierre Flament : "Je comprends très bien que l'on sépare les Français et les Européens. Ceci dit, j'adorais la confrontation directe. J'aimais me situer par rapport aux étrangers. Là, j'ai l'impression d'être un bouche-trou, de ne pas participer à la manche française du championnat d'Europe". En fait les pilotes de la Division 2 pouvaient aussi s'engager en Division 2 européenne. Ils n'ont pas osé. Pourtant, les Vaison, les Liger, les Chanoine, les Châteaux auraient très bien pu se qualifier en finale A européenne, il n'y a qu'à voir leur chronos des manches ! L'année prochaine, vous avez intérêt à y aller... sinon... Une mention bien à Fiault, Cocault et Dannielou qui ont osé, à leur niveau, en plus de Pailler, se frotter aux Européens. Echappée belle et dix-neuvième victoire consécutive de Pailler en Division 2. Mais dans le premier virage, méli-mélo entre Vaison, Liger, Herbert et Chanoine. Difficile d'établir les torts. Ce qui est clair c'est que Vaison a raté son départ depuis la première ligne. Herbert parti en tête-à-queue, Chanoine secoué par Vaison, c'est Chanoine qui le dit, repartait second, mais s'arrêtait dès le second tour, roue avant gauche crevée, suite au choc. Après ce fut clair. Vaison, bon second, laissait Liger et Bénézet se battre pour la troisième place. |
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En
Division 1, le "vieux" a encore frappé. Hervé "Knapick" a maté tous les
"jeunes", aussi bien dans les deux premières manches qu'en finale. Et avec
sa faconde si caractéristique, il nous confiait : "Tu vas voir mon Jacquo,
tu vas voir dans les autres courses, je vais les avoir. Il va bien mon
Hervé, je te le dis". Une seconde victoire consécutive à la fois en
Division 1 et aussi à Lohéac, ce qui ravissait de bonheur ce qu'il a de plus
cher au monde, ses deux filles. À bonne longueur derrière "Knapick", Sylvain
Poulard maintenait à distance un duo de choc, Pierre Flament et Michel
Crespel. Écrasante domination donc des propulsions devant les tractions. Nouvelle victoire en groupe N, la troisième en cinq courses, de David Meslier, et de belle manière, devant le vainqueur de Rodez, Christophe Boussard, alors que Michel Blottin, qualifié en première ligne, ratait quelque peu son départ, et finissait troisième. Un trio de Ford Sierra Cosworth qui devance la seule trac'avant de cette finale A, la R 5 GT Turbo de Stéphane Dréan. |
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Chronique d'un triomphe annoncé L'an dernier, lors de la manche européenne disputée à Faux-Bergerac, Jean-Luc Pailler s'était hissé à une fantastique deuxième place, sa BX s'immisçant au beau milieu des meilleures groupe B comme une intruse, pour la plus grande joie du public. Cette année, la valeur de cette voiture est reconnue depuis longtemps, et l'effet de surprise ne joue plus. Par contre, le fait de concourir à Lohéac dans les deux championnats, européen et français, constituait un beau défi. |
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Jean-Luc Pailler est trapu, barbu, breton... et calme. S'il avait la moindre angoisse intérieure, il le cachait bien au début du week-end. De fait, le samedi, il réalisait sans la moindre difficulté le meilleur temps des deux championnats, dans un style généreux fort apprécié du public. Sa BX, au gabarit imposant, valsait sous ses mains dans les épingles. L'homme maîtrisait sa monture aussi bien que ses sentiments... Samedi soir, Pailler dînait tranquillement dans le paddock, sous la tente de son sponsor, lorsque une grande clameur s'éleva. Un groupe de ses supporters venait de le repérer, et envahissait la tente, lui donnant une aubade nocturne, autant destinée à galvaniser leur idole qu'à déstabiliser les nombreux pilotes européens qui dormaient dans leurs mobil-homes voisins ! Cornes de brume, chants de louanges, "hourras" et "vivas", le concert des supporters ne se terminait qu'avec la promesse faite par Pailler d'aller se coucher rapidement "afin d'être en forme demain"... Et le soleil se levait sur le champ de bataille. Chaque manche qualificative était une aimable plaisanterie pour la BX, qui caracolait aisément en tête. Le champion de France pouvait même se dispenser d'effectuer la troisième série, qualifié d'office en première ligne. Et tandis que ses adversaires "trimaient" une nouvelle fois, il pouvait faire honneur à la réception organisée dans le "village VIP" par Citroën-Rennes, qui profitait de l'occasion pour présenter officiellement la Xantia Turbo diesel. |
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Dix-sept heures. Nul ne pouvait lui contester
la première marche du podium, en championnat de France. Mais, s'il montait
bien sur cette marche, il se gardait de toute démonstration inutile. Pas de
douche au champagne, de gestes exubérants. Au contraire, c'était la première
fois de la journée que Jean-Luc paraissait soucieux. Dans une demi-heure, il
livrerait son dernier combat, contre des adversaires autrement plus
redoutables. Feu vert sur la finale du championnat d'Europe. Un départ encore plus de rêve que d'habitude, cinq tours en tête, une confortable avance, et même une ultime fantaisie, un énorme et généreux travers dans le dernier virage, histoire de faire hurler de joie le public. Lorsque Pailler escaladait une seconde fois le podium, il pouvait laisser exploser sa joie. Les bras en V, le visage rayonnant, il planait au-dessus de la foule... Grandiose et émouvant ! Philippe Caries |
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Classement général D1/D2 1e : Jean-Luc Pailler - 100 Pts 2e : Michel Crespel - 75 Pts 3e : Michel Liger - 71 Pts 4e : Philippe Chanoine et Pierre Flament - 67 Pts... |
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Classement général Groupe N 1e : David Meslier - 88 Pts 2e : Michel Blottin et Stéphane Dréan - 63 Pts 4e : Jean-Pierre Lepée - 55 Pts 5e : Thierry Gauquelin - 54 Pts... |