Dreux Bois-Guyon (20 et 21 mai
1978) 3éme manche du championnat de France de Rallycross |
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Texte
: Happyglove - Photos : Jacques Privat (Echappement - Juillet 1978) |
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Touroul l'aubaine Trois courses, trois vainqueurs, le championnat de France de Rallycross 1978 a pris son rythme de croisière. Un rythme endiablé si l'on en croit la belle ardeur déployée par les concurrents à Bois-Guyon et l'enthousiasme exprimé par les spectateurs. Après les critiques de l'an dernier, la piste de Bois-Guyon avait été considérablement modifiée dans son tracé et dans son revêtement. Beaucoup plus longue et surtout plus rapide, elle comportait pratiquement autant de bitume que de terre, ce qui n'a pas été sans en surprendre beaucoup. A dire vrai, ce n'est pas si mal (le règlement prévoit de 20 à 40 % de bitume) surtout si le circuit est fait de grandes courbes et de chicanes comme à Dreux. Un bon point donc pour les organisateurs qui ont compris la leçon de l'an dernier. Quelques reproches cependant : la piste n'est pas encore assez large et la chicane qui succède à la grande courbe du départ est trop fermée. Enfin la visibilité demeure insuffisante pour les spectateurs. Côté concurrents, on retrouvait l'invincible armada des Porsche et avec les défections de la Stratos de Bentza (moteur cassé) de la Porsche de Bubetz (course de Championnat d'Europe), de la Chevrette de Douglas (course en Angleterre) et de l'Escort d'Hopkins (moteur cassé), on ne voyait vraiment pas qui allait pouvoir battre Touroul ou Lenoir. Est-ce à dire que les courses allaient manquer d'intérêt ? Certes pas. Quelques luttes intestines se fomentaient dans le parc et notamment un duel Deladrière-Wambergue (Alpine V6 gr. 3 contre A 310 1 860 cm3), un match Deloderre-Cresson (Golf 1800 injection contre Scirocco 2L) et une intéressante confrontation Beltoise-Rogers (Golf 1600 contre Mini 1500). Tout cela sous des nuages menaçants et devant un public nombreux et passionné. |
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Classe 1 : Saby impérial Parmi les nouveaux venus, on notait l'excellente forme de J.-P. Belanger (ex-champion de France de tout-terrain) sur la Rallye 2 louée à Michel Cruciani et la belle santé de Philippe Poitou (ex-vainqueur du Renault-Cross) sur une Escort Twin Cam au moteur Vegantune. Pour tous ceux que cela intéresse, la R5 de Stéphane Marteau est équipée d'un moteur 1 475 cm3 Mignotet de 137 ch, d'une boîte courte "rallye" et d'un autobloquant Hewland réglé à 40 %. Stéphane connaît encore quelques problèmes de motricité mais cela devrait aller bien mieux dans quelques courses. Pour Gordon Rogers et ses légendaires mocassins façon "Peter Pan", c'était une rentrée attendue d'autant que David Potter et Bruce Bamber n'ont jamais été en mesure cette année de rééditer leurs prouesses de l'an dernier. Marie créait la surprise aux essais puisqu'il devançait Saby, Beltoise, Brunetti et Rogers. Les quarts de finale provoquèrent déjà deux surprises car Brunetti était éliminé dans son troisième tour (roue avant couchée) alors que Bamber, percuté à l'arrière, devait rentrer au parc, roue arrière gauche bloquée. |
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Saby,
Beltoise, Marie, Wambergue, Potter, Marcel (après une belle bagarre), Rogers
et Dumas se qualifiaient pour les demi-finales. Nouvelles péripéties en
demi-finale : dans la première Wambergue sortait de la piste et repartait en
quatrième position mais dans la seconde c'était "Verdun". Dès le départ,
dans le goulet formé par la chicane, Marie passait par dessus le talus,
revenait sur la piste devant Beltoise qui sortait Rogers. Marie rejoignait
Marcel parti en tête. Celui-ci crevait, ralentissait Marie, puis partait en
tête-à-queue. Retardées par l'incident, les deux Alpine se faisaient doubler
par Beltoise. Rogers revenait également très fort mais abandonnait à la
suite de la collision du premier tour. Ouf ! En finale B, Wambergue
triomphait devant Marcel et Dumas. Finale A, chacun retient son souffle. Saby sort de la meute, suivi par Marie. Dans la grande courbe sur terre, ce dernier se met en travers, Beltoise qui le suit l'entraîne en tête -à -queue. Potter passe, Beltoise repart tandis que Marie proteste énergiquement appuyé par les spectateurs qui sifflent Beltoise à chaque passage et iront même jusqu'à lui jeter des pierres à son retour au parc ! Après consultation des commissaires, les organisateurs déclassent Beltoise de la troisième à la quatrième place. Tout ce que nous pouvons dire, pour avoir assisté en gros plan à l'incident, c'est que Marie était déjà parti en survirage avant même que Beltoise ne l'ait heurté. Que Beltoise puisse ou non l'éviter, ça... il aurait fallu être dans la voiture ! Quant à Saby, inabordable, il a plané au-dessus de ce petit monde et a empoché vingt points. |
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Classe 2 :
Touroul : "merci Lenoir..." La première confrontation réelle Touroul-Lenoir et la première sortie de la Chrysler 2 litres de Morel-Paillocher (comme celle de l'Alpine V6 de Deladrière) constituaient les principales interrogations de cette catégorie. Terminée dans le parc, la Chrysler 2 litres devrait être conduite alternativement par Marcel Morel, son préparateur, et par Thierry Paillocher qui s'illustra l'an dernier sur Rallye 2. On ne sait pas si elle développe réellement les 250 ch annoncés, sa prestation fut trop brève, mais comme on dit... ça pousse ! Guy Deladrière, lui, a délaissé sa Porsche 3 litres pour une Alpine V6 toute neuve qu'il a tout juste eu le temps d'équiper avant de venir. Elle ne comportait évidemment ni le kit groupe 4, ni la boite courte, ni l'autobloquant. Les essais confirmaient la vélocité de Lenoir devant Touroul tandis que Deloderre (Golf) devançait Philippe Wambergue et Bischof (Coccinelle 2200). Malheureusement le pont cassait sur la Golf et Deloderre devait déclarer forfait. La première demi-finale opposait Touroul, Greasley, Deladrière et Vaills. Touroul et Greasley s'envolaient au départ mais Deladrière remontait au premier freinage et "sautait" (grâce à un talus !) Greasley. Peine perdue car ce dernier s'arrêtait peu après. Deladrière se contentait donc de suivre Touroul en se gardant d'un retour éventuel de Vals. La dernière série mettait aux prises Lambot et Lenoir d'une part et Wambergue et Cresson d'autre part. Lambot surprenait Lenoir mais ce dernier reprenait l'avantage. Philippe Wambergue se lançait à l'attaque du Belge, multipliant les freinages audacieux. Hélas, son accélérateur se bloquait et il laissait filer Michel Cresson qui, dans un style éblouissant s'attirait les bonnes grâces des spectateurs. |
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En finale A, Lenoir prenait l'avantage en
s'emparant immédiatement du commandement et en se détachant
irrésistiblement. Derrière lui, Touroul passait Lambot, imité bientôt par
Deladrière. A trois cents mètres à peine de l'arrivée, course gagnée, Lenoir
se déconcentrait, glissait, partait à l'équerre et défonçait les grillages.
Le temps de passer la marche arrière et de repartir, il finissait quatrième.
Une bévue qui lui coûtait la victoire et les vingt points au championnat !
Touroul sautait sur l'occasion en superfinale pour s'échapper, poursuivi par
Bruno Saby tandis que Lenoir devait se contenter de la troisième place.
Lambot, malchanceux, partait en tête-à-queue et ne finissait que septième.
Quels enseignements peut-on tirer de cette course et a-t-elle valeur
d'exemple ? Peut-être pas mais son résultat est suffisamment significatif
cependant pour qu'on puisse en tirer quelques conclusions. Chez les
"grosses", on s'oriente vers un duel Lenoir-Touroul que seuls pourront
arbitrer de temps à autre, Bentza, Bubetz ou Deladrière, sans oublier
Hopkins sur terrain gras. Lenoir est un peu plus rapide, Touroul est plus
sûr... Tout cela va arranger les affaires de Bruno Saby qui, non content de
survoler sa catégorie, menace les "grands" en superfinale et pourrait même
leur infliger de cruelles surprises. |
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Des siffleurs n'ont rien compris Beltoise a-t-il commis une faute ? Des gens dont la compétence et l'honnêteté ne peuvent être mises en doute, tels que l'ingénieur Têtu, par exemple, qui se trouvait juste à l'endroit où s'est produit l'accrochage, affirment que non : "Marie s'est mis en travers, Jean-Pierre a tout fait pour l'éviter" estime Têtu. D'autres estiment au contraire que Beltoise a volontairement poussé Marie. Quelle que soit la vérité, tous ceux qui ont sifflé Beltoise, ou qui lui ont lancé des pierres (!) ont tort. Que ceux qui se reconnaissent ici sachent qu'ils ne méritent que mépris. Ce sont les mêmes qui ont failli lyncher Jean-Claude Lefebvre à Serre-Chevalier, parce qu'ils croyaient que Lefebvre "le professionnel" avait gêné Saby "l'amateur". Dieu sait pourtant si nous défendons, ici les amateurs, mais le sport, c'est avant tout la loyauté et rien n'est plus triste que de voir une foule conspuer un pilote sans même savoir pourquoi elle le conspue. Où est le sport ? J'aurai personnellement, toujours le plus grand respect pour un pilote de la dimension de Jean-Pierre Beltoise. Avoir remporté le Grand Prix de Monaco de Formule 1, sous la pluie, avec un bras atrophié et bloqué des suites d'un vieil accident de course auquel il n'a survécu qu'à la force d'une volonté hors du commun, inspire le plus respect. Respect que renforce l'estime pour l'homme au caractère entier mais extrêmement honnête. Enfin ne devons - nous pas applaudir un pilote qui, après avoir conquis les sommets de la course, vient la quarantaine approchante, se battre avec le même enthousiasme et le même talent, dans l'arène moins glorieuse du Rallycross ? Messieurs les siffleurs et les jeteurs de pierres, remballez vos pierres et vos sifflets et réfléchissez bien avant de vous regarder dans une glace. Pierre Pagani |
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Les pilotes
étrangers ne marquent pas de points pour le classement du championnat de
France, mais uniquement pour le challenge BP-AutoHebdo. |
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Les pilotes
étrangers ne marquent pas de points pour le classement du championnat de
France, mais uniquement pour le challenge BP-AutoHebdo. |
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Les pilotes
étrangers ne marquent pas de points pour le classement du championnat de
France, mais uniquement pour le challenge BP-AutoHebdo. |
Classement général du championnat de France 1e : Bruno Saby - 56 Pts 2e : Bertrand Lenoir - 46 Pts 3e : Raymond Touroul - 36 Pts 4e : Jean-Pierre Beltoise - 32 Pts 5e : Michel Cresson - 28 Pts... |