Lohéac (2 et 3 septembre 1978) 9éme manche du championnat de France de Rallycross 7éme manche du championnat d'Europe de Rallycross |
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![]() ![]() Classement européen |
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Avant la course... |
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Texte
: Jean-Claude Virfeu - Photos : B.Asset et J.Morel (Echappement - Novembre
1978) |
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La grande fête La Bretagne a dignement fêté le second anniversaire du Rallycross français, et quel anniversaire puisqu'en ce premier week-end de septembre, l'Europe et son championnat s'ouvraient à cette discipline encore jeune dans l'hexagone, mais ô combien évoluée... La fin de la journée de ce 3 septembre 78, une date historique dans l'histoire du Rallycross en France, allait nous le prouver... Lohéac, c'est dans ce petit bourg de 400 âmes proche de Rennes que sont nées en septembre 1975, ces courses sur terre battue. Follement passionnée par l'expérience, toute la population et l'Ecurie Bretagne se lancèrent dans la grande aventure. Des enfants des écoles jusqu'au club du 3e âge. En passant par les membres du club de football, tous voulaient participer. Et le résultat ne déçut personne. Le premier rallycross fut un grand succès, un succès qui déboucha sur la création d'un Championnat de France. A l'heure où l'Europe accueillait le rallycross français, il était bien normal que le circuit breton soit retenu pour cette grande première. Et alléchés par un plateau de tout premier ordre, les spectateurs répondirent en grand nombre. Ils furent en effet plus de 15 000 à se précipiter en ce premier week-end de septembre, sous la chaleur, autour de la piste de sable inondée de poussière. Mais peu importe, on était là pour voir du spectacle, des dérapages tous azimuts. Personne ne fut déçu, tant le rythme des courses fut soutenu et la qualité du pilotage exceptionnel. |
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Martin Schanche : première saison et premier titre ...Il y avait en effet du beau monde en Bretagne pour cette "première". A deux étapes de la fin de saison, les meilleurs pilotes d'Europe s'étaient bien sûr donnés rendez-vous dans cette pittoresque commune de l'Ouest. Martin Schanche (Ford Escort), leader du Championnat de division 1 rêvait d'une troisième victoire consécutive qui le sacrerait définitivement champion d'Europe. Per-Engseth et Per-Inge Walfridsson, les deux "officiels" Volvo attendaient une revanche, alors qu'Emilsson (VW Turbo) ne se faisait plus guère de soucis. Seul un miracle lui permettrait de refaire son retard sur Schanche, le jeune Norvégien. En division 2 (Grand Tourisme), ils étaient également tous là : Andréas Bentza et sa Lancia Stratos, le suédois Ake Andersson (Porsche), Joss Fassbender (Alpine A 310), le Hollandais et ses compatriotes, les frères Kruythof, Bubetz, l'Allemand et sa Porsche, les Belges Albers et Deladrière. Seules manquaient les deux Golf de l'Autrichien Grundsteil et du pilote d'usine de Volkswagen, Jochi Kleint, ce dernier ayant cassé son moteur huit jours plus tôt lors du rallye des 1000 Lacs. Un formidable feu d'artifice allait commencer sur les 1 100 mètres de la rapide piste de Lohéac. Avec Schanche, Walfridsson, Engseth et Antero Laine (Saab), la première salve était lancée. Immédiatement le pilote de la Ford Escort prenait l'avantage, Engseth et Walfridsson projetant d'énormes gerbes de terre dans leurs dérapages impressionnants, n'allaient jamais pouvoir accrocher le diable de Norvégien. La puissance parlait, et les 250 chevaux de l'Escort de Schanche étaient un bien trop lourd handicap pour les Volvo 343, qui en comptaient une bonne quarantaine de moins. Martin Schanche, impérial dans les deux premières manches, laissait couler dans la troisième. Son temps le plaçait à la corde de la finale A. Inutile de prendre des risques inutiles et de casser l'auto. En finale, face à Emilsson, Walfridsson et Piet Dam, un Néerlandais remarquable au volant d'une BMW 320 qui n'est pourtant pas dans son élément de prédilection sur la terre, Martin Schanche réalisait un nouveau festival. Walfridsson plaçait sa Volvo en seconde position, juste devant Piet Dam alors qu'Emilsson renonçait sur bris de moteur. |
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Dès
cet instant Martin Schanche devenait champion d'Europe. En moins d'une
saison, ce chauffeur routier employé dans une compagnie pétrolière
norvégienne accédait au plus haut échelon de la hiérarchie européenne.
Passionné de courses sur glace, Martin ignorait en effet tout de la
subtilité des épreuves sur terre. Il fallut que Per Engseth, son ami,
l'emmène avec lui l'an passé en Italie pour qu'il découvre ce qu'était le
rallycross. Martin fut enthousiasmé et à son retour dans le nord, il acheta
une Ford-Escort qu'il prépara lui-même. La suite vous la connaissez... Bentza distance Andersson Dans cette division 1; un garçon déçut quelque peu. Il s'agit de l'Autrichien Franz Wurz classé 5e du championnat avant Lohéac. Dans les diverses manches au programme de ce long week-end, Franz sembla gêné par la puissance de sa Fiat 131 Abarth, qu'il avait beaucoup de mal à doser. Dans la première manche qualificative, il frôla même la catastrophe, évitant d'extrême justesse le tonneau. Et lors de la finale C il ne se classe que 9e juste derrière Hopkins et sa Ford-Escort. Jean-Pierre Jaussaud, le vainqueur des 24 Heures du Mans, participait lui aussi à cette grande fête du sport auto à la campagne. Au volant d'une Renault 5 Alpine semi-officielle, engagée par le Team Hollandais Vielle, Jean-Pierre surprit par son aisance dans cet exercice inhabituel pour lui. Et Jaussaud se serait certainement qualifié sans la présence d'adversaires moins rapides que lui qui lui bouchèrent le passage. "Deux fois on m'a fermé la porte" avançait le Normand, "dans l'ultime manche, je suis très bien parti. Hélas au bout de la ligne droite j'ai manqué une vitesse et De Rooy (Toyota) en a profité pour passer. Après, inutile d'insister, la porte était à nouveau fermée, Et sur quatre tours il était bien difficile de tenter quoi que ce soit. Enfin, je me suis bien fait plaisir et c'est cela l'essentiel. Vraiment j'ai découvert là, une discipline réellement passionnante et si l'an prochain Renault revenait au rallycross." En division 2, les deux leaders Andersson et Bentza se sont livrés leur duel habituel. Une nouvelle fois l'Autrichien en sortit vainqueur et au classement du Championnat il distance légèrement le Suédois. Mais dire que dans cette finale au sommet deux Français avaient réussi à se placer... Saby et Lenoir au top-niveau Personne en effet n'attendait Bruno Saby et Bertrand Lenoir en si bonne compagnie. Le Grenoblois, lui même, n'en revenait pas. "Avec un moteur de 150 chevaux sur ma berlinette, arriver à ce stade, c'est quelque chose d'extraordinaire pour moi. Et je vous assure que si l'an prochain, je trouve un peu d'argent, je m'attaquerai moi aussi au Championnat Européen avec une voiture qui reste à définir. Tout dépendra de ce que l'on m'offrira...". Troisième de cette finale remportée de main de maître par Bentza, Bruno Saby pavoisait alors que Bertrand Lenoir pleurait dans son coin. Et qui, le Périgourdin espérait créer l'impossible exploit. Et il faillit bien réussir, sans cette poussette irrégulière d'Andersson qui l'expédia dans les fascines. Lenoir auteur du meilleur temps des essais, au volant de sa Porsche 2.7L aurait pu inquiéter la Stratos. Hélas... D'autres Français se mirent en évidence lors de cette journée. La Porsche de Touroul n'était pas au mieux de sa forme et Raymond à certains moments, au lieu de rechercher des trajectoires, eut peut être le tort alors qu'il était en tête de la seconde manche de vouloir préserver à tout prix, sa première place. Et il partit en tête -à-queue. Bon classement également de Philippe Wambergue, Georges Vaills qui cala au départ de la finale C, de Morel et de Brunetti. Avec tous ces garçons le rallycross français vient de montrer ses ambitions et nul doute que l'an prochain Nordiques et Autrichiens n'ont qu'a bien se tenir... Les journalistes aussi... Pour couvrir cette importante manifestation, une trentaine de journalistes s'étaient déplacés en Bretagne où une heureuse surprise les attendait. Les organisateurs, avec l'appui de la société Fiat-France, nous gâtèrent vraiment. Laissant nos stylos pour quelques instants, nous prîmes possession des cinq 127 Brava mises à notre disposition pour cette première Coupe de France de rallycross des journalistes. Malheureux Jean Vinatier, s'il avait connu le sort que nous allions réserver à ses remarquables petites voitures. A l'issue des manches de qualifications du samedi soir, certaines d'entre elles souffraient déjà terriblement. Dimanche matin, après le premier quart de finale, trois d'entre elles rendaient l'âme. Ah, les brutes, n'est-il pas ignoble de maltraiter de si belles petites mécaniques... Et le classement final fut celui établi à l'issue des deux manches initiales. Faute de combattants, le combat s'arrêta. Un certain Gahinet l'emportait mais lorsque vous saurez qu'il est plus connu dans les milieux automobiles sous le nom de "Segolen" vous ne vous étonnerez point. "Ségolen" donc, précédait Jean-François Piot (c'est bien lui), aujourd'hui attaché de presse chez Honda et directeur d'un journal dans les Yvelines. Le patron de votre mensuel préféré Michel Hommel qui n'a rien perdu de sa hargne d'antan Jean-Louis Marnat, un autre vieux de la vieille, toujours en super condition, et Yves Hervalet l'un des brillants caméra-men de l'émission auto-moto, etc. Mais après tout, il valait peut être mieux que la compétition s'arrête là pour nous, car certains bruits alarmants couraient dans le parc dimanche matin. Entraînés par un certain Daniel Ge... (je ne me rappelle plus exactement), assez mal coté dans la région de Lohéac, plusieurs de nos confrères dont un certain Stéphane Collaro vécurent une nuit de folie; deux ou trois d'entre eux même, auraient frôlé la noyade sur le chemin de leur hôtel... Quelle aventure... |
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Les pilotes
étrangers ne marquent pas de points pour le classement du championnat de
France, mais uniquement pour le challenge BP-AutoHebdo. |
Classement général du championnat de France 1e : Bruno Saby - 163 Pts (décompte de 4 Pts) 2e : Bertrand Lenoir - 140 Pts (décompte de 2 Pts) 3e : Raymond Touroul - 107 Pts 4e : Jean-Pierre Beltoise - 93 Pts 5e : Philippe Wambergue - 85 Pts... |