Lohéac (6 et 7 septembre 1980)
8éme manche du championnat de France de Rallycross
Solgne-Juville - Saison 1980 - Saint-Junien 
Texte et photos : Lionel Froissart (AutoHebdo - 18 septembre 1980)
 
Touroul-Chevreton : un final à suspense
A l'issue de l'épreuve de Lohéac, Roger Chevreton et Raymond Touroul ne sont plus séparés que par cinq petits points au classement provisoire du championnat de France. Touroul sur sa Porsche a retrouvé toute son efficacité absente pendant deux épreuves. Chevreton, lui, a facilement confirmé ses bonnes performances de l'année. Le grand perdant de la course bretonne est Pierre Brunetti qui a perdu une bonne partie des ses chances en étant déclassé dans la super finale alors qu'il avait obtenu la seconde place. Le titre va donc se jouer dans quinze jours à Limoges probablement entre Touroul et Chevreton, ce dernier ayant une cote un peu plus élevée auprès des observateurs. Un final passionnant en perspective.


Pour ce quatrième anniversaire du Rallycross de Lohéac on pouvait s'attendre à un plateau un peu plus conséquent, mais la fin de cette saison particulièrement acharnée approchant, nombreux étaient les pilotes à déclarer forfait. C'est ainsi que Philippe Wambergue ne figurait pas sur la liste des engagés, n'ayant pu trouver à temps des coussinets de bielle pour son moteur endommagé à Solgne. John Greasley et sa magnifique Porsche 3 L était, lui aussi, absent, de même que son compatriote qui commence à sérieusement manquer, nous avons nommé David Potter et sa Mini 1500. Les Belges faisaient faux bond aux organisateurs et Andy Lasure (Golf GTI) se retrouvait bien seul et bien triste sans ses compères Lambot, Lannoye et autres Monten. Bentza initialement prévu sur sa Stratos, n'était pas de la fête. Ce sont seulement quatre étrangers qui figuraient sur la liste des partants, encore que Goran Johansson soit quasiment naturalisé français, de même que Lasure. "Papy" Douglas reste lui très britannique mais ne manquerais pas une épreuve dans l'hexagone.

Un "batave" faisait sa première apparition de l'année à Lohéac en la personne de Kees Hendriks qui alignait une très belle Ford Escort BDA 2L. Chez les Français on retrouvait pratiquement le plateau habituel. Jean-Pierre Jaussaud déjà vu à Alençon sur Porsche, reprenait du service sur une Alpine A310 Politecnic. Emmanuel Wambergue pilotait également une A310. Jean-Louis Trintignant qui a définitivement pris goût aux courses de Rallycross pilotait son A310 Politecnic. Marianne Hoepfner dispose depuis le Périgord d'une petite Fiat 127 dans le championnat de France. Cette voiture ne lui permet évidemment pas d'exprimer son vrai talent et risque de ternir quelque peu sa réputation.

Ce sont au total 41 pilotes qui prenaient le départ des essais qualificatifs, un plateau un peu "léger" pour une épreuve qui mérite mieux. Il faut ouvrir ici une parenthèse pour le tracé du circuit de Lohéac qui est réellement magnifique avec un bon partage des zones bitumées et de terre. Nombreux sont les pilotes à avoir qualifié cette piste de véritable billard.

Les essais chronométrés permettaient à Raymond Touroul de prouver son retour en forme après ses déboires de Beaujolais et de Solgne; dans cette dernière course, Raymond avait été tout le week-end aux prises avec un moteur récalcitrant qui cassait au départ de la finale, le mal a été depuis solutionné, il s'agissait de la pompe à injection qui était complètement déréglée. Touroul obtenait le meilleur temps en 41"04 devant le Suédois-Français Goran Johansson sur sa Saab Turbo. Gustave Tarrière affichait une super forme et ses prétentions pour le championnat, il concédait tout de même 68 centièmes à la Porsche Tréfil Arbed et prenait la troisième place devant Chevreton (41"84), Beltoise (41"98), Julienne (42"10), Douglas (42"14), Jaussaud (42"18), Knapick (42"21).

Jaussaud se montrait très satisfait de l'auto. "Elle a un comportement vraiment très sain, elle est plaisante à conduire, et puis il y a cette boîte Hewland qui est une pure merveille, il y un bail que je n'avais pas conduit une voiture avec cette boîte, c'est vraiment un régal, au début on a toujours l'impression que la vitesse n'est pas passée tant le débattement du levier est faible, mais une fois habitué, rien à dire, c'est la perfection".

Ce dernier confirmait ses dires par l'intermédiaire des chronos en étant le plus rapide des manches de qualification GT, il devançait Touroul avec un temps de 5'36"79.
"Manu" Wambergue se comportait parfaitement et se classait troisième devant Marteil, Marcel et Tarrière. En Saloon Cars, pas de surprise, Brunetti et Chevreton poursuivaient leur razzia et confirmaient le sérieux du Team HB2 qui a fait de très gros efforts cette année pour s'imposer et qui risque d'être récompensé dans quinze jours à Limoges, mais tout est encore possible. Brunetti était le plus rapide en 5'43"55, Chevreton second suivait de très près en 5'44"85. Aïta qui courait presque dans son jardin tenait à se faire remarquer et parvenait à prendre la troisième position de ces manches en 5'49"63. Mais Trintignant ? Et Beltoise ? Exit tous les deux. Ce ne fut vraiment pas le jour de l'écurie Politecnic, Philippe Wambergue forfait, Jean-Pierre Beltoise était à nouveau victime d'un bris de transmission. De son côté, Jean-Louis Trintignant cassait un segment et s'obstinait sur trois cylindres. Le moteur ne résistait pas, une bielle préférant même partir tout de suite en prenant le chemin le plus court, c'est-à-dire celui qui passe par le bloc... Le plateau était d'un coup sérieusement réduit.

Les finales : routine

Les finales n'allaient pas apporter de gros bouleversements à la hiérarchie. En classe 1 moins de 1600cc c'était une formalité pour Chevreton de s'imposer devant un très bon Serge Dumas qui contenait toute la course Michel Forestier, toujours plus incisif. Toujours en Saloon, Brunetti emportait haut la main la catégorie plus de 1600cc devant Aïta toujours là et Johansson. La lutte était plus ouverte en GT moins de 1600cc. Rémy Julienne ne manquait pas l'occasion de s'imposer devant Michel Marie. La Bagheera de Frémiot parvenait à une surprenante troisième place. Flamery, Marteil, Marcel et Wambergue (Manu) se retrouvaient en finale B et se livraient une lutte sans merci dans laquelle Marcel abîmait une fois de plus son auto après une sérieuse explication avec Flamery. Marcel écopait d'un avertissement pas vraiment justifié. C'est dommage car Denis Marcel est un des pilotes les plus généreux dans l'attaque en Rallycross. Finalement, c'est Marteil qui tirait le mieux son épingle du jeu. En plus de 1600cc GT, Touroul et Jaussaud s'expliquaient dans un style parfait et d'une correction exemplaire. Jaussaud réussissait même à fa ire quelques mètres en tête, mais le surpuissant moteur de la Porsche permettait à Raymond Touroul de reprendre sa position de leader et terminait avec une minuscule avance. Jaussaud expliquait ses problèmes après l'arrivée. "Hier, aux essais, j'ai hésité à demander des rapports plus longs et de ce fait, j'ait fait quelques passages en surrégime, le moteur en a souffert et aujourd'hui il ne donne plus son maximum, dans la finale, j'ai profité de la faute de Raymond qui a loupé une vitesse pour prendre le commandement, mais alors que je n'avais fait aucune erreur il a réussi à me reprendre avant le virage, c'est net..."

Super finale : la guerre

La super finale était attendue avec une certaine impatience. Touroul hésitait quelque peu au départ, contenait Jaussaud, mais Brunetti revenait presque à sa hauteur dans la longue ligne droite et c'est là que tout commence. Julienne est pris en sandwich, avec d'un côté Brunetti et de l'autre Jaussaud et Touroul. Le capot avant du cascadeur se bombe sous l'effet de la pression, Touroul a pris le meilleur devant Brunetti, Julienne, Chevreton, Jaussaud, Aïta. Brunetti fait un passage sur deux roues avant l'entrée du virage aidé en cela par un petit camarade (nous n'avons pas vu lequel).


Le départ de la super-finale en deux photos :
Touroul a pris le meilleur, Brunetti vient nettement serrer Julienne qui ne cède pas.
Chevreton est complètement à droite


Quelques mètres plus loin...
Brunetti serre encore Julienne dont le capot se bombe !
 
La lutte est donc engagée entre Brunetti et Julienne très en colère apparemment, ce dernier parvient presque à prendre l'avantage sur la Rallye 2 noir, mais fait une faute et perd du terrain. Un tour plus tard, il a presque refait son handicap, il reste un peu plus d'un tour à couvrir et Touroul caracole en tête, seul, tranquille, à l'aise. Au bout de la ligne droite, Julienne est un peut optimiste, entre très fort, trop fort et va taper violemment le talus, il part presque en tonneau, détruit sa coque, ses suspensions et le reste au passage et s'immobilise enfin au milieu de la piste. Voiture morte. Touroul gagne facilement, Brunetti est second... Chevreton profite de cette situation pour prendre la médaille de bronze et de précieux points au championnat. Mais Julienne est très en colère, on vous avait prévenu, et dépose réclamation contre Brunetti. Il obtient satisfaction et après mille palabres, Brunetti est déclassé pour "persistement dans une touchette". Chevreton se retrouve second et premier du championnat de France avec cinq points d'avance sur le Grand Raymond plutôt satisfait de sa journée. Il faut maintenant attendre la course de Limoges St-Junien les 20 et 21 septembre prochains pour connaître le successeur de Beltoise. Limoges correspond cette année à l'épreuve du championnat d'Europe, à voir absolument. La manche de Laval, prévue le 28 septembre, est annulée, seule Albi reste sur les rangs pour clôturer la saison.
 
Super-finale
 
Ordre Pilote Voiture Pts
1 Raymond Touroul Porsche 911 Carrera 3L 5
2 Roger Chevreton Simca Rallye 2 1550 4
3 Jacques Aïta VW Coccinelle 1303 Turbo 3
4 Jean-Pierre Jaussaud Alpine A310 1600 2
5 Serge Dumas Simca Rallye 2 1400 1
6 Rémy Julienne Alpine A310 1600 Politecnic  
7 Michel Marie Alpine A310 1600 Politecnic  
8 Pierre Brunetti Simca Rallye 2 1700 Decl. 
Raymond Touroul, sous contrat avec un autre pétrolier que BP, ne marque pas de points pour le challenge BP-AutoHebdo.
 
Saloon Car - Classe 1 (- de 1600)
 
Ordre Pilote Voiture Pts
1 Roger Chevreton Simca Rallye 2 1550 20
2 Serge Dumas Simca Rallye 2 1400 15
3 Michel Forestier Ford Fiesta 1600 12
4 Marcel Grosse Simca Rallye 2 1550 10
5 Jean-Claude Zéférini Simca Rallye 2 1600 8
6 José Natario Simca Rallye 2 6
7 Christian Rio Simca Rallye 2 4
8 Jean-Paul Giraud Simca Rallye 2 3
9 Jacques Profit Simca Rallye 2 2
10 Hervé Josseau Leyland Mini 1300 1
11 Marianne Hoepfner Fiat 127 Abarth  
Les pilotes étrangers ne marquent pas de points pour le classement du championnat de France, mais uniquement pour le challenge BP-AutoHebdo.
 
Saloon Car - Classe 2 (+ de 1600)
 
Ordre Pilote Voiture Pts
1 Pierre Brunetti Simca Rallye 2 1700 20
2 Jacques Aïta VW Coccinelle 1303 Turbo 15
3 Goran Johansson Saab 99 Turbo 12
4 Kees Hendricks Ford Escort BDA 2L 10
5 Marcel Morel Chrysler 180 Maurelec 8
6 Andy lasure VW Golf GTI 1800 6
7 Claude Durassier Simca Rallye 2 1600 4
Les pilotes étrangers ne marquent pas de points pour le classement du championnat de France, mais uniquement pour le challenge BP-AutoHebdo.
 
GT - Classe 1 (- de 1600)
 
Ordre Pilote Voiture Pts
1 Rémy Julienne Alpine A310 1600 Politecnic 20
2 Michel Marie Alpine A310 1600 Politecnic 15
3 Jacques Frémiot Matra Bagheera 1600 12
4 Bernard Cavigneaux Alpine A310 1600 10
5 Gustave Tarrière Alpine A310 1600 Politecnic 8
6 Jean-Luc Marteil Alpine A110 1600 Politecnic 6
7 Denis Marcel Alpine A310 1600 Politecnic 4
8 Emmanuel Wambergue Alpine A310 1600 3
9 Jean-Claude Macchetto Alpine A110 1600 2
10 Michel Hommel Alpine A310 1600 Politecnic 1
11 Joël Dutay Matra Bagheera 1600  
12 Yves Nillion Matra Bagheera 1600  
 
GT - Classe 2 (+ de 1600)
 
Ordre Pilote Voiture Pts
1 Raymond Touroul Porsche 911 Carrera 3L 10
2 Jean-Pierre Jaussaud Alpine A310 1600 7.5
3 Claude Flamery Alpine A310 1800 6
4 Maurice Catillon Alpine A310 1800 Politecnic 5
5 Didier Ratti Alpine A110 1800 4
Raymond Touroul, sous contrat avec un autre pétrolier que BP, ne marque pas de points pour le challenge BP-AutoHebdo.
 
Classement général du championnat de France
1e : Pierre Brunetti - 133 Pts
(décompte de 17 Pts)
2e : Roger Chevreton - 131 Pts
(décompte de 25 Pts)
3e : Raymond Touroul - 112.5 Pts
(décompte de 6 Pts)
4e : Michel Marie - 108 Pts
(décompte de 22 Pts)
5e : Gustave Tarrière - 95 Pts
(décompte de 18 Pts)...

 
Challenge Fiat 127 Rallycross
 
Bénézet en finale, Châteaux en super-finale

Les problèmes du début de saison sont définitivement oubliés dans le challenge Fiat, et l'ambiance est beau fixe. C'était encore le cas à Lohéac. On notait l'absence de Bouchevreau qui très déçu après Soigne a préféré s'abstenir. A l'issue des qualifications, le fils Julienne précédait d'un petit dixième Paul Châteaux. Julienne était crédité d'un 6`26"60, Châteaux 6'26"70, Bénézet après une nouvelle figure le samedi était troisième en 6'28"92. Le grand Canu se plaçait quatrième (6'36"06). Dans la finale, Bénezet s'imposait de façon indiscutable Julienne et Canu. Châteaux après un départ complètement raté préférait perdre du terrain plutôt que de planté son auto dans la poussière. La chanson n'était pas la même en super finale. Canu faisait un départ époustouflant mais Paul Châteaux sortait la grosse artillerie et faisait l'extérieur à tout le monde au bout de la ligne, ça aide la kart pour ce genre de situation. Une fois en tète, Châteaux ne se contentait pas d'assurer, il attaquait comme un forcené frôlait la catastrophe à plusieurs reprises et creusait un énorme écart qu'il gardait jusqu'à la ligne. Derrière lui l'ordre n'avait pas changer, on trouvait un super Canu, vraiment très vite et d'une correction exemplaire, Julienne était troisième devant Roger, Roland, Aunaud, Dorgueil et Bénézet. Avec cette victoire, Châteaux est pratiquement assuré du titre 1980.



Bénézet, vainqueur en finale sur une auto plus très fraîche.
 

Ordre Pilote
1 Bénézet
2 Julienne
3 Canu
4 Châteaux
5 Aunaud
6 Roland
7 Roger
8 Dorgueil
9 Héraud
10 Chaumont
11 Rialland
12 Baudouin
 
Talbot Racing Team
 
Lebreton et Cheutin en vedette

C'est après une bagarre qui a duré les quatre tours de la finale que Daniel Lebreton s'est imposé à Daniel Ritzmann pourtant très en forme. Le challenge TRT faisait à Lohéac sa rentrée une absence Soigne. Gilbert Cheutin, l'actuel leader du challenge à bien limité les dégâts puisqu'il termine troisième de la finale. Pour asseoir encore mieux sa position il s'imposait en super-finale laissant en bagarre derrière lui Ritzmann, Lebreton et Crotti qui terminaient dans cet ordre.



Lebreton impérial devant Ritzmann.
 

Ordre Pilote
1 Lebreton
2 Ritzmann
3 Cheutin
4 Quéré
5 Retaureau
6 Crotti
7 Dolbois
8 Poulard
9 Houy
10 Rougé
11 Michel
12 Larguier