Marville (19 et 20 septembre 1981)
8éme manche du championnat de France de Rallycross
Lohéac - Saison 1981 - Saint-Junien 
Texte et photos : Jacques Privat
 
L'inattendu Mamers
A Marville, tout le monde attendait Beltoise et sa Matra Murena. La finale, très mouvementée, se termina à l'avantage de Mamers. En super finale, il faillit récidiver : malheureusement une cosse de batterie défaillante l'a privé d'une victoire certaine.



Max Mamers (Alpine A310)
 

On sent que la saison tire à sa fin. Le parc fermé de Marville ne comprenait que 40 concurrents ! Si tous les leaders de chaque catégorie étaient là, par contre, il manquait de nombreux amateurs. Parmi les plus en vue, Michel Forestier (Ford Fiesta) arrête le rallycross et vend sa voiture, Alain Salmon (Fiat Ritmo) n'a pas pu réparer son joint de culasse cassé à Lohéac, Maurice Catillon (Alpine A310) a toujours des problèmes de segmentation tandis que Michel Marie (Alpine A310) se remet difficilement de ses ennuis de santé. Les autres connaissent tous les soucis financiers d'une fin de saison difficile : Durand, Goix, Chartrain, Galland, Larguier, Lesas, Lebreton tous sur Rallye 2, Ménier (Ford Escort) ou encore Triquet (Golf GTI) ont sans doute mis un point à leur prestations 81. De plus, et on l'a su il y a peu de jours, Limoges-St Junien marquera la dernière épreuve du championnat le 3 et 4 octobre puisque Albi a été, pour une énième fois, annulé. Marianne Hoepfner qui devait venir avec la Talbot Maurelec 180 de Marcel Morel a déclaré elle aussi forfait. Même les étrangers étaient moins nombreux : seuls le Suédois Goran Johansson (Saab Turbo) et le Belge Andy Lasure (Golf GTI) avaient fait le déplacement.

On notait tout de même une nouveauté : Michel Julienne, le fils du cascadeur, disposait d'une Alpine A310, l'ancienne que Philippe Wambergue conduisait dans le
championnat de France des Rallyes sur terre 80, équipée du moteur Renault 2 litres dont disposait son père en début de saison.

Les essais chronométrés débutaient avec une bonne heure de retard. Au cours de la nuit, il avait plu dans les Ardennes et les organisateurs ont sagement attendu que le vent, exceptionnellement doux, assèche quelque peu la piste. Cette piste, retenue officieusement pour l'épreuve du championnat d'Europe 81, a été dessinée sur une base militaire canadienne désaffectée, par l'ancien pilote Echappement Albert Lavaux.

Les essais chronométrés et la première manche qualificative se déroulaient donc sur un terrain glaiseux très humide si bien que tous les pilotes sortaient pour la deuxième fois cette saison (après les essais de Solgne) les Michelin RC 12 ou pour les moins lotis des vieux pneus rechapés neige. En Saloon Car Jacques Aïta (VW Coccinelle Turbo) réalisait le meilleur temps, de peu devant Pierre Brunetti (Rallye 2). Pierre allait jouer de malchance toute la journée : dès le départ des essais, il était privé de quatrième vitesse. Il compensa cela en montant des pneus arrière plus gros qui lui permettaient de tirer un peu plus long sur la troisième ! De plus une segmentation douteuse laissait échapper une fumée bleue à chaque décélération. C'est avec plaisir que l'on voyait André Dolbois, un ancien du SRT rallycross, réaliser le quatrième temps, derrière "l'inamovible" Roger Chevreton. Dans ces conditions d'adhérence précaire, la motricité de la Matra Bagheera de Frémiot faisait merveille en GT et il s'adjugeait le meilleur temps ex-æquo avec Jean Pierre Beltoise, suivi de près par Rémy Julienne.

La Matra Murena de Jean Pierre Beltoise continue à évoluer à chaque course; depuis Lohéac, l'équipe de Michel Jacquier-Lafforge a essayé de donner un peu plus de motricité au train arrière en changeant les amortisseurs, en reportant du poids et en modifiant les réglages des trains.

Si la première manche qualificative s'est courue sur un terrain assez détrempé, par contre les deux autres manches purent se disputer sur un sol à peine humide. Autrement dit, il ne fallait absolument pas se louper dans les deux derrières manches puisque les places en finale sont attribuées à ceux qui ont réalisé les deux meilleurs temps dans deux des trois manches qualificatives. Si tout se passait à peu près bien dans la première manche qualificative dans laquelle Beltoise réalisait le meilleur temps absolu devant Aïta et Touroul, en revanche la deuxième manche était plus animée. Jean Pierre Beltoise s'arrêtait, coupe circuit débranché par une pierre, Raymond Touroul partait dans un gros travers dans l'épingle et heurtait involontairement Michel Julienne avant de récidiver de la même manière mais avec Rémy Julienne dans la troisième manche ! Ceci faisait bien sûr les affaires de Max Mamers qui faisait le meilleur chrono. Le pilote le plus malchanceux était Christian Riom : à la première manche il brisait son levier de vitesse, à la deuxième il cassait deux bougies, et à la troisième il effectuait un tête à queue. Pierre Brunetti se mettait en évidence en s'octroyant le meilleur temps dans la deuxième manche devant Aïta malgré ses problèmes de boîte de vitesses.

Jean Pierre Beltoise se devait de réaliser une excellente troisième manche pour bien se placer sur la grille pour la finale des GT plus de 1600. C'est ce qu'il fit en reprenant près de 8 secondes à Touroul sur 3 tours de circuit.

Des finales à suspens

La finale B Saloon Car moins de 1600 opposa Grosse, Dolbois, Blanchard tous sur Rallye 2 à l'Alfasud d'Archambaud. Au premier virage, ils n'étaient plus que trois; Blanchard restait sur place, démarreur desserré. Grosse effectue un excellent départ devant Dolbois. Ce dernier au prix d'un freinage audacieux à l'épingle, dépasse Grosse et arrive au fil des tours à le distancer. Derrière, Archambaud, pourtant très à l'aise sur la piste humide du matin, était distancé. Depuis six courses consécutives, on prend le même et on recommence en finale A Saloon Car moins de 1600; Roger Chevreton n'a laissé bien sûr le soin à personne de mener les opérations. Parti en tête dans le premier virage, il n'a pu être rejoint par le duo Gambillon-Dumas. Michel Gambillon, qui a abandonné son moteur Simca à culasse Fiat double arbre pour un classique 1600, a fini pour la première fois cette année à la deuxième place. Le Belge Andy Lasure a été un des rares possesseurs de traction avant à pouvoir se qualifier en finale A. Après un départ moyen, compte tenu d'une motricité inférieure, il s'arrêtait dès le premier tour en panne d'alimentation. Jacques Aïta et Pierre Brunetti se sont livré une superbe bataille en Salon Car plus de 1600. Meilleur temps à l'issue des trois manches qualificatives, Brunetti partait à la corde avec à ses côtés Jacques Aïta sur la VW Coccinelle Turbo. Aïta prenait un fabuleux départ et contenait les attaques de Brunetti... jusqu'à la fin du premier tour. A l'épingle, Aïta se laissait surprendre et Brunetti se glissait en tête. Un tour plus tard, dans le même virage, les deux voitures se touchent et Brunetti se retrouve sur le toit après avoir heurté les pneus qui délimitent la piste. Après consultation des commissaires, Jacques Aïta conservait sa première place devant Johansson, très efficace avec sa Saab Turbo.

Contrairement à ce qui s'est passé à Lohéac, Marcel Morel (Matra Murena 1600) n'a pas fait de faute et a gagné sans problème la finale B GT moins de 1600. Par contre en finale A cela a été plus houleux. Rémy Julienne, mal qualifié à cause de son accrochage avec Touroul dans la troisième manche qualificative, était victime une nouvelle fois d'une sortie de route. Côte à côte avec Jacques Frémiot à l'entrée du premier droite, il se rabattait un peu fort et grimpait sèchement sur le talus ouvrant largement trains avant et arrière. Dans l'histoire, Frémiot roue arrière gauche crevée s'arrêtait quelques mètres plus loin. Devant, c'était la grosse bagarre entre Gustave Tarrière et Denis Marcel. Denis pourtant en pôle position se laissait surprendre par un moteur qui prenait mal ses tours et laissait filer Tarrière. Harcelant sans cesse un Tarrière enfin retrouvé, Denis faisait un tête à queue dans le troisième tour. Gustave Tarrière quant à lui était fort satisfait de cette victoire qui vient à point nommé après une série de trois mauvaises courses.



Un travers de Touroul qui bloque Beltoise et
Mamers va s'infiltrer pour franchir la ligne d'arrivée.
 

Passé au travers d'embûches pendant les manches qualificatives, Max Mamers se retrouvait en meilleure position pour la finale des GT plus de 1600. A sa gauche, Jean-Pierre Beltoise avait soufflé la deuxième place à Raymond Touroul. Raymond, pourtant mal placé sur la grille de départ, réalisait un superbe démarrage et s'emparait de la tête au premier virage devant Mamers et Beltoise. Un scénario presque identique à celui qui s'était passé à Lohéac se reproduisait à Marville. Touroul était devant avec dans ses roues l'Alpine et la Matra. Si les positions restèrent acquise en Bretagne, il en fut différemment ici. Au troisième tour à la faveur d'un gros travers de Touroul qui gêna Mamers, Beltoise s'infiltrait à la deuxième place. Un tour plus tard dans la même épingle à 20 m de l'arrivée, même chose, travers de Touroul qui coince Beltoise et l'habile Max Mamers se faufile entre les voitures pour s'imposer pour la deuxième fois cette année après Lunéville avec son A310 jaune.

Revanche de Touroul en super finale

Décidément il y a deux habitudes en rallycross : d'abord les victoires de Touroul en super finale, puis les départs plus qu'agités avec 8 voitures. Ainsi Max Mamers prenait le meilleur départ suivi par Aïta et Chevreton. Ce dernier, selon ses dires, se faisait pousser à l'extérieur par Touroul et escaladait le talus suivi de très près par Gambillon qui repartait avec une Rallye 2 à la carrosserie modifiée. Bien parti, Max survolait ses adversaires jusqu'à ce qu'un fil débranché l'oblige à s'arrêter. Touroul toujours à l'affût a doublé au deuxième tour Aïta qui s'était un peu trop écarté dans un virage, avant de s'emparer de la première place laissée toute chaude par Max Mamers en panne dans le bas du circuit. Gustave Tarrière et Danis Marcel s'expliquaient une nouvelle fois. Le premier nommé, décidément dans un bon jour à Marville, ne se laissait pas impressionner par les attaques de Marcel et parvenait à conserver une excellente troisième place derrière Aïta.



Le départ de la super-finale France-Inter.
 

Super-finale
 
Ordre Pilote Voiture Pts
1 Raymond Touroul Porsche 911 SC 3L 5
2 Jacques Aïta VW 1303 Turbo 4
3 Gustave Tarrière Alpine A310 Politecnic 1600 3
4 Denis Marcel Alpine A310 Politecnic 1600 2
5 Goran Johansson Saab 99 Turbo 1
6 Michel Gambillon Talbot Rallye 2  
7 Max Mamers Alpine A310 Politecnic 2L  
8 Roger Chevreton Talbot Rallye 2  
Goran Johansson ne marque pas de point pour le championnat de France
 
Saloon Car - Classe 1 (- de 1600)
 
Ordre Pilote Voiture Pts
1 Roger Chevreton Talbot Rallye 2 20
2 Michel Gambillon Talbot Rallye 2 15
3 Serge Dumas Talbot Rallye 2 12
4 Andy Lazure VW Golf GTI 10
5 André Dolbois Talbot Rallye 2 8
6 Marcel Grosse Talbot Rallye 2 6
7 Daniel Archambaud Alfasud 1300 Ti 4
8 Dominique Blanchard Talbot Rallye 2 3
9 Jacques Profit Talbot Rallye 2 2
10 Jean-Claude Le Hénaff Talbot Rallye 2 1
11 Jean-Jacques Gauthier Talbot Rallye 2  
12 René Delamézière Talbot Rallye 2  
Andy Lazure ne marque pas de point pour le championnat de France
 
Saloon Car - Classe 2 (+ de 1600)
 
Ordre Pilote Voiture Pts
1 Jacques Aïta VW 1303 Turbo 20
2 Goran Johansson Saab 99 Turbo 15
3 Claude Durassier Talbot Rallye 2 12
4 Pierre Brunetti Talbot Rallye 2 10
5 Louis Helwig Talbot Sunbean 1600 Ti 8
6 Jean-Paul Giraud Talbot Rallye 2 6
7 Claude Michel Talbot Rallye 2 4
Goran Johansson ne marque pas de point pour le championnat de France
 
GT - Classe 1 (- de 1600)
 
Ordre Pilote Voiture Pts
1 Gustave Tarrière Alpine A310 Politecnic 1600 20
2 Denis Marcel Alpine A310 Politecnic 1600 15
3 Jacques Frémiot Matra Bagheera 12
4 Rémi Julienne Alpine A310 Politecnic 10
5 Marcel Morel Matra Murena 1600 8
6 Bernard Cavigneaux Alpine A310 1600 6
7 Denis Macchetto Alpine A110 1600 4
8 Jean-Claude Macchetto Alpine A310 Politecnic 1600 3
9 Yves Nillion Matra Bagheera 2
10 Jean-Marc Felski Alpine A310 1600 1
 
GT - Classe 2 (+ de 1600)
 
Ordre Pilote Voiture Pts
1 Max Mamers Alpine A310 Politecnic 2L 20
2 Raymond Touroul Porsche 911 SC 3L 15
3 Jean-Pierre Beltoise Renault 5 Turbo/Matra Murena 12
4 Michel Julienne Alpine A310 Politecnic 10
 
Classement général du championnat de France
1e : Raymond Touroul - 145 Pts
(décompte de 30 Pts)
2e : Roger Chevreton - 132 Pts
(décompte de 20 Pts)
3e : Jacques Aïta - 122 Pts
(décompte de 10 Pts)
4e : Gustave Tarrière - 111 Pts
(décompte de 20 Pts)
5e : Max Mamers - 106 Pts
(décompte de 24 Pts)...