BMW 325i M1 4x4
  Ford Sierra Cosworth - Saison 1991 - Renault 21 Quadra 
Source : Revue "Echappement" - Texte : Yves Bey-Rozet - Photos - Christian Chiquello
 
La BMW de Patrick Herbert est un ancêtre à deux titres. La France a interdit les Groupe B avec deux ans d'avance sur l'Europe et inventé l'actuelle Division 2 - qui s'appellera donc plus logiquement Division 1 l'an prochain. Eh bien, cette "325iX M1" répond parfaitement à la réglementation 91, alors qu'elle a été construite en 86 ! BMW France l'avait commandée à CA Sport (Michel Jacquier-Lafforge) pour Max Mamers. Alain Coppier en avait ensuite hérité, puis Jean-Baptiste Point après qu'il eut délaissé sa 205 Turbo 16. Son "voisin" de Dreux Patrick Herbert a eu le coup de foudre et la lui a rachetée pour... débuter en Rallycross ! Depuis 89, Patrick et sa 325 M1 ne se quittent plus. Cette année, ils connaissent un franc succès. Victorieux à Rodez pour l'ouverture de la saison, puis à Essay et Faleyras, ils ont rarement raté le podium et sont venus à Lohéac en tête du championnat.
 


 

Si la coque est toujours celle d'origine, la petite équipe de Sport Système a entièrement reconstruit la voiture. Cet hiver, les centaines d'heures d'atelier se sont empilées à Nogent-le-Rotrou. Elle apparaît transfigurée la BM. Difficile de voir un lien entre le style exubérant de Coppier et le pilotage chirurgical d'Herbert. Il faut dire que pour préserver les cardans avant, Christian Le Saux a fortement limité le braquage ! Il n'a donc pas le choix Patrick. Toutefois, pour lui faciliter la tâche, il dispose désormais d'un train avant plus incisif qui évite de sous-virer en entrée de courbe. Ensuite, pas de problème, puisqu'avec sa répartition d'origine qui applique les deux tiers du couple aux roues arrières, la 325 ne demande qu'à survirer. Mais c'est là qu'intervient la maîtrise du pilote car s'il ne peut pas braquer beaucoup en entrée, en sortie de virage, il est tout aussi limité en contre-braquage ! Ce dont il s'accommode à la perfection.
 
C'est un esthète Patrick Herbert et il en fait profiter les spectateurs, dont il ravit par la même occasion les tympans et les... narines. Parce qu'en plus de hurler de ses 24 soupapes, sa BMW exhale une désuète et enivrante odeur de ricin; comme au bon vieux temps.

Après un tour à ses côtés, c'est à moi de faire chanter le moteur de M1. Passé de 3.5 à 3.9 litres, le six cylindres sort de chez l'incontournable Pipo avec 550 ch. De quoi se frotter à plus d'un Turbo. Et il ne manque pas de couple non plus avec ses 50 MKg. Comme celui-ci est beaucoup progressif qu'avec un petit suralimenté, il permet d'effectuer ce galop généralement un rapport au-dessus de celui utilisé en course par Patrick. Elle dépasse les 1200 Kg la 325 M1 mais, c'est la clé du succès en Rallycross, elle démarre très fort; on en a eu un aperçu hier. Elle pousse comme un turbo mais en partant de beaucoup plus bas : coup de canon aussi mais sans temps de réponse. Et quelle musique !

Toutes les commandes sont viriles. Depuis la boîte 5 à première décalée, avec levier incliné vers le pilote, jusqu'aux freins, en passant par la direction. Elle bénéficie d'une pensée toute particulière celle-ci avec ses butées très rapprochées ! Pas question de compter sur elle. Mais c'est vrai qu'elle pointe facilement le nez vers la corde cette 325. Ensuite, c'est une question de semelle droite. Or, avec ce gros atmosphérique, même surpuissant, il est relativement aisé de doser et de diriger la bête. Et le tête-à-queue alors ? Ouf : c'est le pneu arrière gauche qui est crevé...
 


La BMW 325 à moteur M1 de Patrick Herbert. Elle
préfigure depuis 86 la nouvelle Division 2 et assure
le spectacle à elle toute seule : 550 ch hurlant,
un équilibre franchement survireur, une enivrante
odeur de ricin et un pilote esthète à qui elle
va comme un gant.