Ford Sierra Cosworth
  Porsche 911 - Saison 1991 - BMW 325i M1 4x4 
Source : Revue "Echappement" - Texte : Yves Bey-Rozet - Photos - Christian Chiquello
 
La sierra Cosworth, nous la connaissons déjà sous toutes ses formes. De série, elle est pratiquement une voiture de course; la plus percutante en tous cas de celles que nous appelons les "Groupe A de route". Elle a amplement mérité d'être (très largement) élue sportive de l'année 90 par la rédaction d'Echappement, avec la complicité de Yannick Dalmas et François Delecour. Ce titre obtenu dans le civil, elle lui fait honneur en course. En Groupe A, on se rappelle encore sa victoire morale au Monte-Carlo et je ne suis pas près d'en oublier l'essai sur la piste de Ford MotorSport à Boreham (N°269). Mais en pliant les rotules dans la dernière ascension du Turini, alors que François Delecour et Anne-Chantal Pauwels avaient course gagnée, elle a aussi manqué le grand chelem. Sur les tablettes du plus prestigieux des rallyes, il restera toujours les victoires des Sierra magnifiquement préparées par le Bos Racing : le Groupe N pour Christophe Spiliotis et le classement Promotion pour Eric Mauffrey.
 


 

C'est précisément la voiture de ce dernier que Maïté Poussin a racheté. Cette Cosworth Groupe N est donc passée de l'asphalte des rallyes, à la terre des Rallycross. Avec ses 4 roues motrices, elle se retrouve au milieu des protos de la Division 2. Elle n'a pas été reconstruite en fonction du Rallycross. Soignée le week-end par deux mécaniciens qui travaillent en semaine à la concession Mercedes de Rennes, elle n'a que peu évolué. Elle s'est allégée, en troquant ses fenêtres et sa lunette arrière contre des vitrages en Altuglas : 1120Kg, prête à bondir. Elle s'est aussi octroyé un tour de molette sur le turbo, pour disposer de quelque 330ch. En revanche, le passage à la boîte Groupe A ne semble pas concluant. Il s'agit de la petite boîte 5 "client" et non de la grosse à 7 vitesses que l'usine réserve à ses voitures officielles. Elle fonctionne bien mais n'offre pas les rapports idéaux pour cet exercice précis.
 
A l'intérieur, peu de changement, on se croit revenu chez Pierrot Bos, dont nous avions essayé une Groupe N dans notre numéro de mai (N°271). Au volant, ça se gâte un peu. Sur les petites routes goudronnées des environs de Metz, la Sierra s'était montrée redoutable mais "logique" : on accélère, elle survire. Ici, pas de problème sur ce qu'il reste de terre : elle enroule à ravir. Mais sur l'asphalte poussiéreux du droite à 180° de l'arrivée, c'est une autre paire de manches. Elle commence par beaucoup sous-virer, pour finir par survirer brutalement. Ce qui manque évidemment, c'est l'entraînement à son volant et la confiance dans ses réactions. Maïté n'a pas ce genre de souci. Sa Cosworth, elle en a pris la mesure; elle est seul maître à bord. Quand à Gérard Poussin, il a à son actif, en sa qualité de directeur de l'école de pilotage, des millions de passages dans cette maudite courbe. Et il se chargera de nous donner un récital de glisse dont il a le secret.
 
Cette voiture encore très proche du Groupe B court avec les monstres construits spécifiquement et dans la plus grande liberté pour le Rallycross. Cela parce que les Groupe N-Production ne peuvent avoir que deux roues motrices. Il se pourrait bien que la réglementation européenne évolue en 93 vers une catégorie Groupe N 4x4 qui prendrait la dénomination Division 2 - celle de Division 1 revenant logiquement aux voitures les plus évoluées, mais dont seront exclues les Groupe B.