Le plateau 1987 |
Saison 1987 |
Texte : Jacques
Privat - Photos - Gérard Dalla Santa (Echappement) |
Rallycross, l'avenir de la
formule Après ses débuts en fanfare à la fin des années soixante dix, le Rallycross français a traversé une période de transition en 80 et 82. Depuis l'an passé, cette discipline est sur la pente ascendante. La télévision, le venue d'importateurs, la simplification de la réglementation sont les principales raisons de ce renouveau. |
En 1975, Michel
Hommel déniche sa maison de campagne dans un petit village breton, Lohéac.
Rapidement le comité des fêtes lui demande de trouver une animation pour les
800 habitants de la commune. Le Rallycross, si populaire en Scandinavie et
en Grande-Bretagne, n'existe pas en France. Le premier Rallycross sera ainsi
organisé à Lohéac le 5 septembre 1976 devant 10 000 spectateurs. Dès l'année
suivante un championnat de France est créé. C'est Jean Ragnotti sur une
Alpine A310 V6 officielle qui remporte le titre. Les deux champions de
France suivants apportent eux aussi la notoriété au Rallycross. En effet,
Bruno Saby en 78 et Jean-Pierre Beltoise en 79 contribueront largement au
succès immédiat de la formule. D'autant plus facilement que dans ces années,
les organisateurs font facilement appel à de la "main-d'œuvre étrangère"
pour assurer un super plateau. Deladrière, Hendriks, Douglas, Rogers,
Taylor, Schanche, Welch, les époux Potter ravissent les spectateurs qui se
massent de plus en plus nombreux autour des pistes qui composent encore
actuellement le championnat de France de Rallycross. Après cette période
euphorique, le Rallycross français dut s'assumer seul. Les voitures
officielles (Alpine et Peugeot) avaient disparu, les étrangères ne venaient
plus. Quelques sombres histoires, dont nous avons parlé, n'arrangèrent pas
la sérénité dont cette discipline avait besoin. En 82, un nouveau venu,
descendu des courses de côte, apporta un nouveau souffle au Rallycross. De
par sa vision professionnelle de la course, Max Mamers a beaucoup apporté au
Rallycross. |
Une discipline
francisée Le Rallycross avait besoin de retrouver un peu de notoriété. Avec son alter ego, Michel Jacquier-Lafforge, Max Mamers a contribué à redonner une deuxième impulsion au Rallycross. Depuis 1978, Michel Jacquier-Lafforge s'est totalement investi dans le Rallycross. Bruno Saby en 78, Jean-Pierre Beltoise en 79, Max Mamers en 82 et 83, Alain Coppier en 85 ont pu atteindre leur but grâce à Michel Jacquier-Lafforge. De tout temps, Michel a présenté de superbes voitures parfaitement finies, ce qui est loin d'être le cas des pilotes étrangers et même français ! Petit à petit, la qualité générale des voitures s'est améliorée. C'est avec plaisir que l'on peut voir actuellement que les participants réguliers au championnat de France ont tous des voitures parfaitement préparées et présentées. Avec Max Mamers, le Rallycross français a eu une touche de professionnalisme en plus. Max n'a pas son pareil pour mener à bien des opérations de relations publiques avec ses annonceurs, GME de 81 à 83 inclus, Pierrot Gourmand en 85 et 86. Plusieurs pilotes l'ont copié. C'est avec plaisir que nous avons pu voir Denis Marcel, Jean-Pierre Demoisson, Maurice Chomat, Jacques Aïta ou encore Christian Ménier lui emboîter en partie le pas. Dès 1984, une usine s'est réintéressée au Rallycross. Citroën avait prêté une Visa 4x4 1600 à Roger Chevreton, un pilote qui s'était ainsi vu récompensé de plusieurs années d'efforts en Rallycross. Un engagement largement positif, puisque Roger Chevreton remporta le championnat 84. Cette action ne fut pas isolée, puisque l'année suivante VAG soutenait en fin de saison Jacques Alita pour son titre 85 et qu'en 1986, BMW France, par l'intermédiaire de Max Mamers, et VAG France associé à Yacco en faveur de Jacques Aïta, ont poursuivi leurs efforts de soutien à cette discipline. |
Une
association d'organisateurs Parallèlement, les organisateurs de Rallycross s'associèrent sous le label AFOR (Association des Organisateurs de Rallycross). Ils sont les seuls organisateurs à s'être ainsi réunis en France. Cette force a permis de négocier des contrats publicitaires avec des annonceurs comme Petrolon S50, Sachs, Yacco, VAG et Camel Off Road à des époques différentes. Cela a permis d'organiser des challenges et de financer des actions communes. Pour l'an prochain, le secrétaire général de l'AFOR, Christian Avril, d'un naturel peu optimiste, pense que le budget global de cette année (260 000 F financés par Camel Off Road, VAG et Yacco) sera doublé. |
L'apport de la télévision L'année 86 a été placée sous le signe de FR3. A deux reprises, le Super Challenge FR3 fut retransmis en différé, à Essay-Alençon et à Cergy-Pontoise. Ce n'était pas à franchement parler du vrai Rallycross. Mais peu importe, l'essentiel était de montrer cette discipline du sport automobile à la télévision. Mais tout le monde s'accorde à dire que la meilleure émission fut le direct, sur FR3 national, des finales du Rallycross de Lohéac. FR3 avait bien choisi son jour puisque nous assistâmes, à n'en pas douter, aux plus belles finales de l'année. Cette opération sur des vraies épreuves devrait se renouveler cette année à plusieurs occasions. Et là nous parlons encore de Rallycross, quand nous voyons le Défi RMC-TF1, et bien que le mot de Rallycross ne soit jamais prononcé ! |
Une
simplification de la réglementation Pour beaucoup, le Rallycross reste synonyme de réglementation compliquée et changeante. Ils n'ont pas tort ! Depuis début 86, la FFSA s'est basée sur la réglementation européenne qui ne différencie pas de, classes de cylindrées à l'intérieur de la Division 1 (voitures de groupe Tourisme) et 2 (voiture du groupe Sport et leurs extensions possibles Rallycross). C'est sûr, le schéma du déroulement des courses reste complexe (voir encadré) mais il est seul garant d'une certaine égalité des chances pour chacun. Les pilotes connaissent bien le règlement, le public peu. Mais l'essentiel pour lui n'est-il pas de voir des manches de quatre tours avec quatre voitures qui partent de front ? |
La
venue des groupe Sport Le Rallycross reste une des rares disciplines à accueillir les voitures du groupe Sport (groupe B). Mieux même, à partir de 87, les voitures encore homologuées Annexe J81 seront interdites, ce qui est le cas de la Matra Murena Roc turbo 4x4 de Denis Marcel. Ainsi les groupe Sport auront tout loisir de venir s'exprimer sur les pistes mixtes terre-bitume de Rallycross. Les voitures de groupe Sport deux roues motrices et même les groupe Tourisme pourront s'équiper d'une transmission intégrale. C'est ainsi que plusieurs pilotes lorgnent vers une Maxi 5 4x4... Des pilotes aimeraient également monter une saison de Rallycross avec une Peugeot 205 Turbo 16 et même deux MG Metro 6 R4. Attendons le 3 mai 1987, à Nantes Savenay. Tous les ingrédients nécessaires sont là pour connaître une excellente saison 87 de Rallycross. Télévision, sponsors nationaux et intérêt médiatique régional (quotidiens et FR3 régionaux) apportent une notoriété grandissante au Rallycross français. Qu'il sache en profiter ! |
La
Division 1 : du groupe A sur terre La Division 1 du Rallycross est ouvertes aux voitures du groupe Tourisme (groupe A), à l'exception de celles disposant dès l'origine de quatre roues motrices (l'Audi 80 Quattro, par exemple). Le choix est donc assez ouvert, et les discussions animées entre tenants de la traction et fervents de la propulsion. Les premiers, limités en puissance, sont souvent distancés lors des départs. Mais ils disposent d'une telle motricité ultérieurement que le handicap apparaît finalement très relatif. Les propulsions, elles, revendiquent une meilleure adhérence au démarrage, et leur puissance est souvent supérieure, mais leur poids se montre fréquemment plus élevé que celui des tractions, ce qui ne facilite pas leur relance en sortie de virages. Le débat reste ouvert ! Techniquement, la division 1 profite de la plupart des pièces homologuées en groupe A, en laisse même certaines de côté (comme les gros freins, pas toujours nécessaires sur la terre) et les suspensions sont évidemment adaptées aux gros chocs. |
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BMW 325i d'Alain Coppier (1er
en 1986) |
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BMW 635 CSi de Jean-Baptiste Point
(4e en 1986) : Pour les gros bras ! |
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Renault 11 Turbo de Jean-Jacques Bénézet
(10e en 1986) : facile ! |
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Ford Escort RS Turbo de Christian Ménier
(12e en 1986) |
La
Division 2 : refuge des groupes B La division 2 est très libérale : en 87, y seront admises les groupe B (belle fin de carrière !) ainsi que les A modifiées au-delà des normes groupe A, mais la transmission est libre (on peut transformer une 4x2 en 4x4), les suspensions aussi, et le moteur n'a qu'un impératif : le bloc doit être à la base de la même marque que la carrosserie de la voiture, le nombre de cylindres doit être celui d'origine, et l'emplacement du moteur doit être inchangé. A partir de là, tout est permis ou presque. La tendance actuelle est à la maxi-puissance, tant le départ est une phase déterminante des très courtes manches qui caractérisent le Rallycross (quatre tours de circuit). Encore faut-il être en mesure de faire fructifier en course l'avantage acquis (éventuellement...) dans la première ligne droite... Cela dit, si l'on voit débarquer en 87 des Maxi 5 4x4, face à des T16 « sauvages », les lignes droites seront bien courtes ! |
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BMW 325iX de Max Mamers (2e
en 1986) : quasi usine. |
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Audi Quattro de Jacques Aïta (3e
en 1986) : la bête ! |
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Renault 5 Turbo 4x4 de Gérard Roussel
(5e en 1986) : bonne base. |
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Alpine 4x4 de Jean-Pierre Demoisson
(7e en 1986) : les rois du bricolage. |
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Matra Murena 4x4 de Denis Marcel
(11e en 1986) : caduque ! |
Merci ! Un grand merci à tous les pilotes, préparateurs et mécaniciens, qui ont bien voulu nous rejoindre en pleine semaine pour cet essai, merci qui s'étend aux responsables de la piste de Bois-Guyon. |